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Société (La)

La Société. Journal-Revue religieux, politique, littéraire et commercial

Devient : La Société. Journal religieux, politique, littéraire et commercial.-Puis : La Société. Journal d’Arras, religieux, politique, littéraire et commercial

En 1853, Napoléon III a oublié les convictions du révolutionnaire anticlérical Louis-Napoléon. L'ordre moral règne en France. L’Église est devenue un partenaire du pouvoir, elle y est associée avec notamment des cardinaux membres de droit du Sénat, le budget des cultes a été augmenté, la création d'écoles libres est favorisée, « le principal devoir des instituteurs est de donner une éducation religieuse »,… À Arras, le nouvel évêque, Mgr Parisis, avait d'ailleurs déjà salué le coup d’État du 2 décembre 1851 comme un « prodigieux événement ».
C'est dans ce contexte particulièrement favorable aux catholiques qu'est lancée, le mardi 2 août 1853, La Société. Journal-Revue religieux, politique, littéraire et commercial. Imprimée par Lefranc, 35, rue Saint-Maurice à Arras, cette publication paraîtra les mardi, jeudi et samedi soir au prix de 7 F par mois, 24 F par an pour les habitants du Pas-de-Calais, du Nord, et de la Somme. Son format, 15 x 21 cm, mais aussi sa première page, entièrement occupée par le titre, et sa présentation sur une colonne lui donnent un aspect bien austère. C'est que ce journal se veut plus qu'« une pure chronique des événements ».

AU-DELÀ DES FAITS
Son éditorialiste A. Poinsel s'explique dans le premier numéro de ce trihebdomadaire qui tente sa chance entre Le Courrier du Pas-de-Calais, acquis au pouvoir en place, et Le Progrès, républicain. « Qu'importe qu'on connaisse ce qui se passe, si l'on ne voit au-delà, si l'on ne se rend pas compte de la raison des faits ? » interroge-t-il avant d'affirmer : « nous sommes convaincus qu'on ne peut toucher à aucun des événements importants, à aucune des grandes questions dont le journalisme sérieux est appelé à s'occuper, sans rencontrer un peu, quelque loi sociale et religieuse. »
Poinsel se fait l'adepte des théories des philosophes traditionalistes : Joseph de Maistre, le vicomte de Bonald,… « L'homme ayant été créé pour vivre en société, l'état de société étant son état normal, primitif, les lois qu'il a reçues de Dieu, dès le commencement, sont des lois sociales. […] l'homme n'ayant pas été placé sur la terre pour rien, sa vie ayant un but, une fin, qui est de servir Dieu, de l'aimer, et, selon la prodigieuse expression de l’Église, de la posséder, les lois de son existence ici bas sont toutes au fond des lois religieuses.
[…] La conformité ou la non-conformité d'une institution avec ces lois n'est-elle pas la règle suprême de sa valeur, le pronostic des conséquences qu'elle est appelée à produire ? »
Pour avoir méconnu la volonté de Dieu, explique Poinsel, la société aurait ainsi sombré dans le despotisme ou l'anarchie qu'il appelle aussi révolution. Dans cet état, tout est établi « au rebours de ce qu'il devrait être. L'homme y est tout ; Dieu, rien, l'homme y a tous les droits, Dieu pas. »
Le seul remède est de remettre Dieu à sa place et l'homme à la sienne. « Combattre la révolution, faire justice des idées fausses qui sont tenues pour vraies par les esprits irréfléchis, en regard de l'histoire et des institutions contemporaines mettre les lois divines : tel est le programme que nous nous proposons de suivre. »

BONNE PRESSE CONTRE MAUVAISE PRESSE
Vivement encouragée par l'évêque d'Arras, La Société prêche d'abord la soumission à l’Église et au pape : « À nos yeux, il n'existe pas d'autre société religieuse, normale, c'est-à-dire conforme à l'établissement divin, que l’Église catholique, apostolique et romaine. Son chef est le pape, roi-pasteur à la voix duquel l’Église doit obéir comme à celle de Jésus-Christ, dont il est le vicaire infaillible. »
À un moment où les catholiques sont les meilleurs alliés du Pouvoir, La Société affirme son adhésion au régime et son soutien à son chef « tant que ses lois ne sont pas opposées à celles de Dieu, le seul véritable maître de l'homme, parce que seul il a par lui-même le droit de commander. » Hommage est rendu à « l'empereur Napoléon III pour la protection qu'il a accordée à l’Église » : « Avec la rectitude de jugement qui le distingue, ce prince ne peut qu'avoir compris quels sont les rapports qui doivent unir les deux puissances, et combien l'autorité humaine est intéressée à ce que l'on s'incline devant la volonté divine, dont elle est la délégation.
Fidèles et dévoués catholiques, nous confessons notre reconnaissance pour la main ferme qui a su respecter et faire respecter l'autel. »

Les catholiques arrageois ont-il accueilli ce nouveau journal avec circonspection ? Dès le deuxième numéro, La Société se fait l'écho des réticences des catholiques à l'égard de la presse. Pour eux, généralement, « la meilleure feuille périodique ne vaut pas grand-chose. »
Passant en revue le contenu des journaux, elle reprend leurs arguments. Le roman feuilleton ? « C'est habituer l'esprit du peuple à se repaître de fictions qui lui feront bientôt sentir vivement les épines de la vie réelle, puis les lui rendront insupportables ». Les nouvelles ? « Les faits et les nouvelles de nature à exciter utilement la curiosité du lecteur sont rares, à moins que l'on tienne registre des crimes de toute nature qui se commettent chaque jour ; ce qui habitue l'esprit à l'idée du mal, ce qui le familiarise avec les conseils des passions… » Et quel attrait aura « pour les hommes intelligents, honnêtes, sérieux, la nomenclature des incidents vulgaires, aventures d'ivrognes, pérégrinations de danseuses, bizarreries de cerveaux fêlés, etc. »
Reste donc la politique ! Entre les mesures répressives mises en place par le pouvoir et la servilité, la marge de manœuvre est particulièrement étroite. « Si vous essayez de vous sauver de la trivialité de la presse périodique par les discussions politiques, vous rencontrerez deux écueils terribles, note l'éditorialiste de La Société. Le premier sera la législation pointilleuse qui bornera singulièrement votre carrière et l'hérissera de mille empêchements […]. Si vous vous heurtez aux lois et ordonnances qui concernent la presse, au mécontentement du pouvoir, aux susceptibilités des gouvernants et même des gouvernés, tant pis pour vous.
Le second écueil est plus dangereux, et je vous avoue qu'il me préoccupe tout autant que la question de savoir si vous pourrez conserver la liberté de vos allures. »
Alors, devant ces arguments qui sont ceux de la majorité des catholiques, faut-il laisser le champ libre à « la presse périodique du désordre ». ? Au contraire, répond Poinsel, pour la « paralyser », il faut « une presse périodique profondément religieuse et sociale ». Pour appuyer son argument, il en appelle à Donoso Cortès, ce philosophe espagnol, auteur d'un Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme pour qui le seul remède à la crise de la société est la soumission à l’Église catholique, seule capable de la régénérer. « Il indique un moyen, un seul, de conjurer, ou du moins de retarder les maux qu'il prévoit : ce moyen, c'est la bonne presse » conclut le journaliste.
La Société aurait d'ailleurs trouvé la ligne de crête sur laquelle avancer : « ne critiquer les actes du gouvernement qu'avec beaucoup de prudence, en n'émettant jamais le blâme d'une manière irrespectueuse et sans que la conscience publique le demande », « écarter sévèrement le feuilleton-roman immoral, ou même léger, les longues narrations des crimes. »

LE JOURNAL DES PAROISSES
La Société fut-elle fidèle à cette ligne de conduite ? Les informations du journal sont prises eux meilleures sources : Havas, mais surtout les journaux catholiques comme L'Ami de la religion, L'Univers, le Journal de Rome, également l'orléaniste Journal des Débats.
Dans ses colonnes, le journal fait d'abord une large place à l'information religieuse. Les circulaires, les mandements de l'évêque d'Arras paraissent en première page tout comme les ordonnances de l'archevêque de Cambrai, voire parfois d'autres prélats. Les allocutions du pape Pie IX font également la « une ». Les événements qui marquent la communauté catholique arrageoise sont relatés, Lefranc donne la mesure de son talent en relatant la bénédiction de l'établissement des sœurs de la sainte-Famille.
La Société est de tous les combats des catholiques français. Elle relaye la campagne contre le travail du dimanche. Dès le 8 octobre 1853, elle se prononce pour l'observation du repos du dimanche. Le samedi 26 novembre, elle s'élève contre la profanation du dimanche, une « habitude pernicieuse aussi nuisible aux intérêts et à la santé des hommes que contraire aux lois de Dieu et de l’Église ». Le 31 janvier 1854, elle annonce la création d'une « association pour l'observation du repos des dimanches et fêtes dont le règlement a été approuvé par l'archevêque de Cambrai ». Le samedi 25 février, dans une édition hors norme de huit pages, La Société publie l'instruction pastorale de l'évêque d'Arras sur la sanctification du dimanche et mandement pour le Carême de l'an de grâce 1854.
Les « nouvelles du diocèse » et les « nouvelles religieuses » constituent deux rubriques à part entière au même titre que les « avis officiels », les mercuriales des marchés d'Arras, Cambrai, ou la Bourse de Paris.
Lefranc y évoque aussi bien les nominations ecclésiastiques que le changement de costume des enfants de chœur de la cathédrale d'Arras « une médaille suspendue au cou de chaque enfant par un ruban rouge », l'établissement d'une église au Courgain à Calais ou la distribution de prix des œuvres…
Quant à la rubrique « Variétés », elle a la même tonalité que l'ensemble du journal. Un ou plusieurs articles édifiants évoquent successivement saint Vaast, l'abbé Fréchon, l'abbaye de Saint-Denis. En avril 1855, le chanoine Robitaille, futur créateur de La Semaine religieuse du diocèse d'Arras, publie une série sur l'« Ancienneté de l’Église d'Arras ».
La rubrique locale tenue par Ernest Lefranc fait une large place aux événements qui se déroulent dans les institutions et les établissements scolaires tenus par des religieux. Cependant Lefranc y rend également compte des audiences du tribunal correctionnel, des séances du conseil général. Il annonce les avertissements qui touchent en octobre 1853 Le Progrès, en mars 1854 La Gazette de Flandre et d'Artois, puis sa disparition. Il signale la mort en juillet 1854 de Frédéric Degeorge, « ancien représentant du peuple à l'Assemblée nationale, commissaire général du Pas-de-Calais en 1848, il était depuis quelque temps dans une maison de santé de la capitale. Il allait atteindre sa 58e année. » Exercice obligé, comme ses confrères, mais avec plus de retenue que l'impérialiste Courrier du Pas-de-Calais, en septembre 1853, La Société offre à ses lecteurs un supplément de deux pages lors du voyage de l'empereur dans la région du Nord. Dans les numéros suivants, la relation se poursuit en pages intérieures.
Le journal se hasarde parfois vers des sujets moins austères. En septembre 1853, reprenant une lettre adressée au Courrier du Pas-de-Calais, il donne un récit de l'ascension du ballon de M. Godart par Narcisse Déhée qui l'accompagnait.

LES INTÉRÊTS CATHOLIQUES
Après les informations religieuses, La Société fait une large place à la politique. Comme tous les journaux sous l'empire, elle sacrifie aux exercices imposés comme la publication du discours de l'empereur lors de l'ouverture de la session du Corps législatif. À la limite de la politique et du fait divers, elle ne peut pas ignorer l'attentat de Pianori (1) en avril 1855 contre Napoléon III.
La guerre de Crimée où la France se présente comme le défenseur des intérêts catholiques ne peut laisser indifférent le journal. Dès ses premiers numéros, il évoque « la question d'Orient ». Le 27 mars 1854, la France et l'Angleterre déclarent la guerre à la Russie qui menacerait les lieux saints confiés à la garde des Turcs. L'expédition de l'armée française semble avoir l'adhésion d'une partie de l'opinion publique. En juillet 1854, le journal ouvre une rubrique supplémentaire intitulée : « Nouvelles du théâtre de la guerre ». Le 22 août, il n'hésite pas à avancer sa parution d'une journée pour annoncer « les importantes nouvelles données hier par le Moniteur ». Et d'avertir ses lecteurs « Nous en ferons autant chaque fois que cela paraîtra nécessaire. » De fait, il récidive le 3 octobre annonçant hâtivement la prise de Sébastopol, revenant dans son numéro suivant sur « l'heureuse nouvelle accueillie avec une si vive et si unanime jubilation ». Si l'intention des Alliés est bien de s'emparer de Sébastopol, le siège qui allait durer de longs mois ne fait que commencer.
Durant l'année 1855, les événements d'Italie retiennent régulièrement l'attention du journal. La Société suit d'abord ce qu'elle appelle « les différends entre le Pape et le Piémont ». En décembre 1853, elle s'alarme déjà du résultat des élections au pays de Victor-Emmanuel où le président du Conseil Cavour s'est allié avec la gauche modérée. Après la confiscation des biens de certaines congrégations, La Société s'émeut des « spoliations piémontaises ». Les troubles qui agitent le royaume de Naples l'inquiète également. Le royaume de Ferdinand II est la proie des « convoitises trop peu déguisées de l'Angleterre » et des « appétits de mazziniens (2) ». Pour le journal, l'avenir « repose » entre les mains de l'empereur des Français. S'en prend-on aux conditions faites dans les prisons de Rome ou de Naples pour mieux atteindre le Souverain pontife et Ferdinand de Bourbon, que le trihebdomadaire les défend bec et ongles, réplique par un article sur les prisons anglaises. Tout au long de cette année 1855, c'est l'avenir d'un certain nombre de pays catholiques qui le préoccupe. En Espagne, le trône est menacé par le parti républicain et l’Église remise en cause.
La Société ne survit pas assez longtemps pour déplorer le traité d'alliance conclu entre la France et le Piémont et pour s'indigner de l'annexion, quelques années plus tard, de l'essentiel des états pontificaux au profit de la formation d'un royaume d'Italie dont Victor-Emmanuel est proclamé roi.

UN JOURNAL DE CONVICTION, MAIS SANS ATTRAIT
Quelle fut l'influence de La Société ? Nous n'avons trouvé aucun chiffre sur son tirage et sa diffusion, nous sommes donc obligé de nous en remettre aux appréciations d'autosatisfaction avancées par tout éditeur après le lancement d'une publication.
Le 15 février 1854, Poinsel écrit : « Beaucoup de personnes désiraient voir naître dans le Pas-de-Calais un journal qui fût consacré à la défense du catholicisme et des principes d'ordre et de gouvernement, indignement attaqués de nos jours par la presse antireligieuse et révolutionnaire. Aussi l'apparition de La Société a-t-elle été accueillie avec une sympathie qui nous fut bien douce, mais qui nous imposait de grands devoirs.
Il est juste que nous remercions nos abonnés de l'empressement avec lequel ils ont correspondu à notre bonne volonté, aidant, propageant et défendant l'organe de leurs sentiments et de leur foi. Qu'ils continuent. Rappeler l'homme aux principes de la saine morale et de la véritable civilisation est, par le temps qui court, plus qu'une bonne œuvre, c'est un devoir strict.
De son côté, l'administration de La Société ne négligera rien de ce qui devra leur être agréable, donnant comme aujourd'hui des suppléments toutes les fois que l'abondance des matières ou la gravité des événements le demandera. Et nous allons vers un avenir qui, non seulement excite un vif intérêt, mais qui a besoin d'être compris et envisagé au point de vue religieux, le seul qui embrasse et éclaire tout. »
Héraut du courant ultramontain, ce périodique reste bien sévère dans sa forme. Dès son treizième numéro, il a délaissé un format qui « paraissait devoir s'opposer à la vulgarisation dans les campagnes » et en a adopté un plus prisé des lecteurs de journaux, 30 x 41 cm. Il a opté pour une présentation sur trois colonnes.
La Société qui propose peu de « réclames » n'offre à ses lecteurs aucun de ces feuilletons qui contribuent aussi au succès de ses concurrents et dont elle déplore la reproduction même dans la presse conservatrice. Elle a pourtant compris combien le roman était devenu une arme que, dénonce-t-elle, le socialisme sait utiliser. « Le roman a fait pénétrer dans toutes les mansardes l'attrait des richesses, l'amour du repos et des jouissances, les rêves insensés ; la révolution de 1848 a été préparée par des ouvrages dus à d'éminents écrivains tristement fourvoyés ; le parti du désordre découpe en petits fragments les uns et les autres, puis les sert quotidiennement à un public nombreux d'abonnés et de lecteurs, regrette-t-elle. Non content d'une guerre aussi facile faite aux principes d'ordre, à la tranquillité sociale, il s'est efforcé de faire pénétrer les récits enivrants, les peintures voluptueuses des Balzac, des Dumas, des Sand, des Eugène Sue, ces missionnaires du socialisme, jusque dans les campagnes, où le cabinet de lecture ne saurait exister. »
Déplorant, la passivité du parti de l'ordre, La Société ne veut pas retenir la leçon de ses adversaires. À leurs écrits, elle ne propose que d'opposer des textes souvent édifiants, mais sans grands attraits pour le peuple : « Pourquoi n'a-t-on pas mis à la portée de toutes les bourses les chefs-d'œuvre des Pères de l’Église comme on y met ceux des Pères de la démocratie ? se lamente-t-elle.
Pourquoi les écrits des de Maistre, des de Bonald, des Donoso-Cortès, des Moelher, des Ranke, des Hunter, etc, ne sont-ils pas popularisés par une reproduction en livraisons à 20 ou à 30 centimes ? »
La Société déplore que les feuilles religieuses n'aient pas rencontré l'écho espéré : « les populations pour la défense desquelles elles avaient été fondées, les ont mal secondées. On leur présentait une arme ; leurs bras inertes ne se sont pas levés afin de la saisir et d'en user. »
Le journal de Lefranc (3) s'est souvent montré soucieux du sort des plus pauvres. En janvier 1854, il s'émeut de l'augmentation du prix du pain qu'une partie de la population « ne parvient à se procurer » que par « rudes sacrifices ». À la cause de la misère, Poinsel ne voit souvent que punition divine : « La guerre, la famine, les maladies épidémiques sont justement appelées des fléaux de Dieu. Aux peuples qui méprisent sa loi, qui insultent son nom, qui se dérobent à son empire, le Seigneur les envoie comme autant de messages de colère, exécuteurs de sa vengeance… » Comme remède, il ne propose que la soumission à Dieu.

Le 31 décembre 1855, dans un supplément à l'édition du jour, Ernest Lefranc se résout à annoncer la fin de son périodique pour des raisons économiques : « Le produit du journal ne pouvant suffire à couvrir les dépenses qu'il nécessite, quoique ces dépenses soient faites avec la plus stricte économie. » « Nous suspendons sa publication » annonce-t-il avant d'ajouter : « nous nous trouvons forcé de cesser la publication du journal La Société. »
Sans renoncer à son combat, il préfère réorienter son activité : « Nous ferons en sorte, par l'emploi de nos capitaux dans la publication de livres utiles au clergé, de rendre encore quelques services à l’Église, à qui nous sommes entièrement dévoués. »

(1) Ce réfugié italien tente de vider son pistolet contre Napoléon III. Il est exécuté le 14 mai 1855.
(2) Avocat, Guiseppe Mazzini est le fondateur de la société « La Jeune Italie » qui se propose d'instaurer une république unitaire et démocratique par l'insurrection populaire. Établi à Londres en 1837, il revient en Italie lors de la révolution de 1848. À Rome, ses partisans proclament la République. Après la restauration du pape par les troupes françaises, Mazzini repart à Londres d'où il apparaît comme l'âme de tous les coups de main tentés en Italie.
(3) Ernest Lefranc est président du Cercle Saint-Joseph dont « le but est de fournir à la classe ouvrière, outre le bon exemple et l'instruction religieuse, les moyens de se récréer honnêtement les jours de repos ». En février 1855, il crée une caisse de prévoyance et de secours.