Roubaix-artiste
Roubaix-artiste. Revue périodique. Musique, théâtre, peinture...
La collection des archives municipales, assez complète (il ne lui manque que les numéros 9 et 11), est en très mauvais état. 1.1 Le journal. Le 15 septembre 1887 paraissait un nouvel hebdomadaire Roubaix-Artiste. Les conditions d’abonnement étaient fixées non pas pour un an, mais pour cent numéros (10 francs l’abonnement simple, 20, 25 ou 30 francs si on y joignait une annonce). Il parut très exactement cent livraisons du nouveau périodique, après quoi Vossaert, son promoteur, jeta l’éponge, ayant rempli son contrat. Le journal paraît sur quatre pages, avec parfois deux pages supplémentaires, la quatrième étant réservée à la publicité. Mais d’autres encarts étaient parfois intercalés dans le rédactionnel -Les réclames dans le corps du journal se traitent à forfait. Les trente-sept premiers numéros sont de petit format (315 x 215 mm). pour les deux premiers, 335 x 270 mm. pour les suivants). Du numéro 38 au numéro 100, le format est porté à 450 x 320 mm.; et surtout chaque livraison ou presque comporte une illustration, un portrait illustrant la biographie d’un roubaisien célèbre, ou celle d’un acteur de passage, ou d’un musicien de renom. Jusqu’au numéro 37, les seules gravures étaient celles, stéréotypées qui illustraient certaines publicités. Roubaix-Artiste était en vente à la librairie Vossaert, mais aussi chez Jubé-Hertogh (abonnement, vente et location de musique et pianos), 16, rue de la gare, et, semble-t-il au numéro aux abords, et peut-être à l’intérieur, du théâtre. 1.2 La raison d’être et le contenu du journal. Roubaix-Artiste se veut une revue essentiellement locale, et veut encourager tout ce qui touche aux arts, écarter autant que possible les difficultés qu’il rencontre trop fréquemment; faire de notre cité (i. e. Roubaix) un centre artistique indépendant, qui soit digne de la vieille renommée industrielle qu’elle a su acquérir. Son programme ne comportera qu’une critique extrêmement prudente, ou plutôt des conseils pour améliorer et éviter de froisser les susceptibilités ; d’ailleurs l’hebdomadaire portait en épigraphe ce mot de Chateaubriand : La critique n’a jamais tué ce qui doit vivre. Roubaix-Artiste ne traitera donc ni de politique, ni de religion. Le tout premier article, après ce manifeste qui se termine par un cri de guerre Tout pour l’art! est donc consacré à la Société artistique de Roubaix-Tourcoing et son exposition de peinture annuelle. Suivent des échos sur un concours de chrysanthèmes, les théâtres de Roubaix et de Tourcoing, la Fanfare Delattre, et au club hippique (le sous titre indique aussi que Roubaix-Artiste s’intéressait également au sport hippique et nautique et à l’escrime). Dans d’autres numéros, on trouve sous le nom de « condiments » de petites historiettes à volonté humoristique. Enfin il est rare que manquent les quelques vers consacrés à la gloire du savon Vaissier. À partir du numéro 4 on trouve aussi un feuilleton. 1.3 Ceux qui sont publiés par le journal Le gérant du périodique est François Vossaert (1831-1902), libraire de 1872 à 1900, libraire d’ancien aussi, imprimeur et poète à ses heures; le rédacteur en chef est Médéric Barthel. François. Vossaert était d’origine modeste. Il avait commencé comme ouvrier-fileur. Le Journal de Roubaix du 27 juin 1902 le présente comme le type de l’ouvrier, l’homme du peuple arrivé par le travail, l’intelligence et la volonté. Dans l’article nécrologique consacré à Henri-Paul Vossaert, fils de François, Marius de Valfleury parle lui d’un employé [...] père lettré qui aida fortement à [donner à son fils] des goûts artistiques. Roubaix -Artiste publia plusieurs poèmes de F. Vossaert, et c’est sans doute à son instigation que le journal attira l’attention sur Louis Decottignies[1]. Barthel, lui avait lancé, au temps de sa jeunesse La Fauvette du Nord, avec Léon Lizot, comme on le raconte plus haut dans la notice consacrée à cette revue poétique. On peut se demander si Barthel n’était pas Vossaert lui-même. On ne trouve pas de Barthel parmi les collaborateurs de La Fauvette du Nord, mais Vossaert y figure : un ouvrier pur-sang celui-là, qui naguère encore maniait supérieurement la manivelle des fileurs. Tout le monde a remarqué les productions pleines de sentiment de notre collaborateur, de ce jeune poète roubaisien...[2]. Et ce n’est pas Barthel qui signe l’article de tête de Roubaix-Artiste du numéro 70, contrairement à l’habitude, mais Marius de Valfleury. Article de tête qui se trouve être justement la nécrologie de Vossaert fils. Dans le numéro suivant, Valfleury fera savoir que Barthel, indisposé lui passe la main pour quelques temps. Un poème publié dans la livraison du 15 décembre 1887 laisse supposer quelques collaborateurs groupés autour de Barthel : « Ceux qui sont condamné À griffonner Roubaix-Artiste Dans leur froid bureau cantonné ................................................... Ils ont dit à leur rédacteur... Parmi ces collaborateurs donc, j’ai relevé les noms de Marius de Valfleury, évoqué plus haut, de L. Finiel, tous deux spécialistes du feuilleton, Maxime Lebrun, Félix Servant et de bien d’autres, signant d’évidence d’un pseudonyme. Auxquels il faut ajouter bien sûr les dessinateurs. Ils sont évoqués dans l’article consacré à Henri-Paul Vossaert. Valfleury nous dit tout d’abord que la publication aurait du être illustré dès le premier numéro par ce jeune homme, qui s’était dérobé par modestie. Un de ses amis qui prit pour nom de guerre d’Arcourt, voulut bien nous aider de son talent.... Enfin le jeune Vossaert se laisse convaincre de publier des portraits, d’abord sans signature, puis signés Gaëtan. Henri-Paul avait été l’élève de Sératzki, à l’école de la rue du Bois, puis de Bouzin. Mills lui donna ses premières leçons de peinture; Levert les compléta. Weerts ne dédaigna pas féliciter le jeune homme pour le portrait qu’il avait fait de lui. Il gagnait sa vie dans l’atelier de son père comme graveur et lithographe : Si le crayon de notre jeune ami lui promettait un avenir des plus brillants, son burin lui avait acquis depuis longtemps une réputation bien méritée. Sa main sûre, son coup d’œil artistique lui faisait accomplir de véritable tour de force en gravure, et de l’avis d’hommes très compétents en la matière -pour ne citer qu’un nom M. Florin, on pouvait quoique bien jeune encore, le classer parmi les bons graveurs lithographes de notre cité. Pierre Ketels, -qui signe P.K, artiste peintre roubaisien, est le troisième dessinateur employé par Roubaix-Artiste. C’est lui qui signera le portrait du défunt. On peut difficilement classer au rang des collaborateurs du journal tous ceux dont Roubaix-Artiste publia les vers, de Théophile Gautier à Nadaud. Mais on a la surprise d’apprendre, le 15 décembre 1887, que Pottier, qui mourut hier, grand poète ignoré/ Rima beaucoup de vers pour la maison Vaissier.... Sont-ce ceux que Roubaix-Artiste publiait? Au centième numéro, feuilletons et chroniques achevés, les affaires de l’hebdomadaire bien en ordre, son contrat rempli, Vossaert interrompit la publication de Roubaix-Artiste, en laissant planer le doute sur un éventuel retour, qui ne vînt jamais. Mais le titre sera repris en 1901. Annexe Nom des portraits de Roubaisiens et assimilés contenus dans Roubaix-Artiste. n° 38 Victor A. Delannoy n° 51 Léon Lizot n° 78 Edouard Lalo n°40 Gustave Nadaud n° 52 Pierre Antoine Louis Cateau n° 79 Jean Baptiste Renaux n° 44 Brun Lavainne n° 53 Alfred Motte n° 83 Clément Broutin n° 45 Jean Baptiste Glorieux n° 54 Nicolas Augustin Morel n°87 Edgar-Louis Sidaine n° 46 P.J. Couvreur n° 55 Aimé Arthur Delfosse n° 91 Achille Libouton n° 47 Constantin Joseph Mills n° 56 Auguste Séraphin Joseph Martel n°95 Narcisse Commère n° 48 J.J. Weerts n° 70 Henri Paul Vossaert n°98 Paul Eugène Fournier n° 49 Théodore Lepers n° 72 Eugène Lagrillière-Beauclère n° 100 Hyppolite Verly n° 50 Charles Théophile Wuck -------------------------------------------------------------------------------- [1] Voir : Piat, Jean. Louis Decottignies, poète-ouvrier roubaisien méconnu. Roubaix : Lire à Roubaix, [S.d.].-(Cahiers de Roubaix; n°2). Vossaert avait consacré un long poème à Decottignies dans La Fauvette du Nord. [2] La Fauvette du Nord; p. 94.