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Nouvelles politiques les plus intéressantes sur les affaires du temps

Nouvelles politiques les plus intéressantes sur les affaires du temps

Un périodique d'un autre temps égaré sous la monarchie de Juillet ! Son titre, Nouvelles politiques les plus intéressantes sur les affaires du temps, semble déjà d'un autre siècle. Son format et son contenu l'apparentent plus à la famille des canards et autres occasionnels des xvie et xviie siècles vendus de village en village par des colporteurs qu'à celle des hebdomadaires imprimés en cette première moitié du xixe siècle à Arras ou dans quelque sous-préfecture du Pas-de-Calais.
Sans mention ni de prix, ni de périodicité, le seul exemplaire des Nouvelles politiques les plus intéressantes sur les affaires du temps, conservé aux Archives départementales du Pas-de-Calais, n’est pas non plus daté. Les événements relatés : la Pologne indépendante qui doit faire face à l'invasion russe, l'agitation révolutionnaire qui secoue la France, etc., permettent de lui donner au moins un millésime : 1831. Composé sur quatre pages numérotées, il est imprimé par Auguste Leclercq, rue Saint-Géry à Arras.
Présentées sur une colonne, les nouvelles, souvent reprises de titres parisiens : Le Constitutionnel, Le Journal de Paris,… se suivent les unes derrière les autres sans titre, mais avec une mention de lieu et de date : « Paris, 2 mars », « Pologne, Varsovie, 16 février », etc.
D'après un extrait du Constitutionnel, on y apprend notamment qu’un rapport a été présenté au roi sur l'armée française. Composée de 480 000 hommes, elle va être divisée en 12 corps composés chacun de deux divisions. « Le maréchal Soult, ajoute le quotidien, aura le commandement des corps réunis sur nos frontières du Nord. » Quant au Journal de Paris, il annonce que 700 000 hommes de gardes nationales vont être mobilisés, probablement pour faire face aux troubles qui gagnent le pays.
Dans sa deuxième partie, intitulée « Événements ou plutôt accidents de la soirée », les Nouvelles politiques les plus intéressantes sur les affaires du temps parlent d'une manifestation qui a eu lieu, le 3 mars, aux abords du Palais-Royal, aux cris de « Du pain ou la mort ! Vive la liberté ! Vive le Roi ». Quelques dépêches sur les événements de Pologne et un fait divers ayant eu lieu dans le Maine-et-Loire complètent la troisième page de cette feuille qui ne propose aucune information régionale.
Les Nouvelles politiques se terminent en chansons. Le premier chant, intitulé « Le qui vive ? (Air de la Sentinelle) », salue le retour du drapeau tricolore : « Il reparaît en signe glorieux / Cet étendard d'Austerlitz et d'Arcole / Il reparaît encore plus radieux / Car il est ceint d'une double auréole / Chaque Français sous la triple couleur / Vient s'abriter… son aspect le ravive / Son aspect calme la douleur / Son aspect double sa valeur / Rois, tenez-vous sur le Qui-vive ! » et met en garde les puissances étrangères qui seraient tentés d'aider « le roi félon [Charles X] que la France abhorre ».
Quant au second, intitulé « Qu'voulez-vous qu'j'y fasse » - sur des « paroles de Charles Dix », s'amusent les Nouvelles politiques - il brocarde le roi chassé pour n'avoir pas su donner au peuple la liberté qu'il réclamait : « Sire on veut la liberté / Vraiment quel audace / Qu'en dit votre majesté ? / Qu'voulez-vous qu'j'fasse. »
Avec un seul numéro, les Nouvelles politiques les plus intéressantes sur les affaires du temps ne semblent n’avoir été qu’un occasionnel.