JOURNAL DE BRUAY (LE)
Le Journal de Bruay. Journal hebdomadaire de Bruay et de sa région
Une semaine après L'Avenir d'Auchel, le dimanche 12 mars 1922, l'imprimeur Célestin Basin, déjà éditeur de L'Avenir de l'Artois et de L'Avenir de Lens, lance un nouveau titre Le Journal de Bruay.
Paraissant le dimanche, cet hebdomadaire, installé dans l'ancienne poste, rue Nationale, ne peut pas renier sa parenté avec les autres titres appartenant au même propriétaire. Sa naissance est annoncée par son fondateur dans les mêmes termes que L'Avenir d'Auchel. Il a la même physionomie que ses confrères ; un format 44 x 59 cm, une présentation sur six colonnes. Une grande partie de son contenu provient de L'Avenir de l'Artois.
Sa rubrique locale est illustrée par une vignette représentant Bruay. Outre des nouvelles locales, à l'imitation de ses confrères, elle propose une chronique « Au hasard de la promenade » signée cette fois du pseudonyme O. des Escaliers, des poèmes ou « bruaysannies » en patois de Fernand Deberles : L'Baudet d'Baptiss, Baptiss et l'poulet, Baptiss à l'tripéé, etc., mais aussi de nombreuses tribunes libres. Parmi les signatures, on trouve les pseudonymes Le Galibot, C de la vérité, Huître close, Rigol ed ti, C. Vrai, mais aussi les initiales E.B. pour E. Berteloot.
Lors de son lancement, son tirage est déjà de 2 800 exemplaires. Son esprit polémique lui vaut probablement une certaine audience. Dès ses premiers numéros, Le Journal de Bruay s'en prend à la gestion du maire socialiste Henri Cadot, député depuis 1914 et premier magistrat depuis 1919, qu'il surnomme Cadot Ier (1). L'annonce de l'ouverture d'une maison de tolérance, rue du Moulin, est l'occasion d'ironiser sur la politique municipale : « cette meilleure invention illustrera à jamais le règne de Cadot Ier ». « Modernes… on trouve que nos jeunes gens de Bruay ne le sont pas assez. Que pourrait-on bien leur apprendre encore…? Ces institutrices nouveau genre feraient-elles partie du fameux programme postscolaire si cher à nos élus ? » Marcel Osteux, qui s'illustre dans tous les titres du groupe, obtient même par ses articles la démission du brigadier de la police municipale condamné à 10 jours pour diffamation.
Après les socialistes, l'hebdomadaire s'en prend aux municipalités communistes du canton. A Barlin, il lève l'étendard de la révolte contre le maire et ses adjoints : « Arrière faux frères, diseurs de bonne aventure. Nous sommes repus de vos mensonges, il nous tarde de respirer et de vivre. Barlinois, il est temps de relever la tête. Assez du joug communiste. Ce qu'il nous faut à présent, c'est le respect, c'est la liberté, c'est la justice […]. Nous saurons imposer silence au grand Manitou et le renvoyer à Ecques cultiver des légumes et réfléchir aux conséquences du régime draconien qu'il a imposé. La lutte sera encore plus terrible. Bourrés de documents, nantis de renseignements précis, nous écraserons les mille-pattes, petits vers de terre et pucerons monsaurois. »
En février 1925, Le Journal de Bruay prend ses aises dans un nouveau bureau 16, rue Nationale. Dès le 25 avril 1926, il a une deuxième édition permettant de développer l'information locale. Fête des médaillés militaires, des sous-officiers de réserve, des anciens coloniaux et prisonniers de guerre, réunion de la garde d'honneur de Notre-Dame de Lorette…, toutes les réunions patriotiques du canton sont abondamment relatées. La vie des mineurs, avec ses joies et ses peines, ponctue de nombreuses rubriques locales où peuvent se succéder le compte rendu de la fête des médaillés du travail et une catastrophe minière, etc. L'actualité sportive est omniprésente avec les courses organisées au Vélodrome de Labuissière, les meetings à l'aérodrome. Ainsi, en septembre 1934 Antonin Magne, vainqueur du Tour de France, Vietto, Sylvère Maes participent à la réunion de clôture de la saison cycliste. L'illustration prend une place de plus en plus importante. En janvier 1933, à côté de la photo du Réveil musical de Divion, Le journal de Bruay se proclame « le mieux illustré des journaux à 0,25 centimes ».
En janvier 1937, il endosse les mêmes habits que ses confrères : un format plus petit (35 x 50 cm), une présentation sur cinq colonnes, une nouvelle graphie pour le titre, une pagination plus étoffée. Il arrête sa parution le 19 mai 1940.
Le Journal de Bruay reparaît le 17 septembre 1944, une semaine après L'Avenir de l'Artois. Son sort est identique à celui de ses confrères édités par Basin qui cède la place à Léonce Déprez. Il disparaît définitivement le 27 avril 1977 laissant la place à une édition bruaysienne de L'Avenir de l'Artois.
(1) Avant la guerre, les journaux de droite affublaient Basly du surnom de « Mimile Ier ».