← Retour

JOURNAL D’AUCHEL (LE)

Le Journal d’Auchel. Organe républicain, démocratique. Hebdomadaire d’Auchel et de la région

Le Journal d'Auchel a-t-il été créé pour sauver le maire d'Auchel, Morel, attaqué par Le Petit Auchellois, tombeur de son prédécesseur ? En tout cas le commissaire d'Auchel est persuadé qu'il sera l'organe de l'ancien maire contre celui qui l'a conduit à la démission. « Ce journal, écrit-il le 1er janvier 1910, soutiendra la politique de M. Hernu conseiller général, conseiller municipal et ex-maire d'Auchel, président de la ligue républicaine démocratique du canton de Norrent-Fontes contre la politique de M. Dupont, conseiller municipal, président de la section du Parti radical et radical-socialiste nouvellement formé à Auchel. »
Le premier numéro de cet « organe républicain démocratique hebdomadaire » sort le 2 janvier 1910 des presses d'A. Louchart, imprimeur, Grande Rue à Auchel. Il a été à 2 000 exemplaires. De format 43 x 62 cm, il en impose par le taille sur son concurrent. Présenté sur cinq colonnes, il est vendu 5 centimes le numéro ou par abonnement 1,50 f pour six mois, 3 F pour un an dans le Pas-de-Calais et les départements limitrophes.
La rédaction du Journal d'Auchel se défend de tout esprit d'acrimonie voire de revanche. L’ hebdomadaire « n'est ni un instrument de guerre ni d'attaque contre les convictions ou les pratiques, soit des individus, soit de groupements d'individus, il n'est pas, non plus, un organe de haine ou de rancune contre personne. » Il se veut simplement instrument de débat démocratique, mais quand même « organe de défense contre les entreprises malsaines qui pourraient entraîner vers des manoeuvres que la bonne foi, la dignité ou la loyauté réprouvent. » Comprenne qui voudra !
Défenseur des valeurs républicaines, Le Journal d'Auchel se veut également l'avocat des « intérêts, [du] bien-être, et [des] aspirations de nos laborieuses populations dans un esprit d'équité, d'égalité et de justice, sans considérations de quartiers, d'individualités, ni de personnalités quelconques ».
Alors que Le Petit Auchellois est entièrement préoccupé par les affaires locales et jusqu'en 1912 par son combat contre les maires Hernu et Morel, Le Journal d'Auchel fait montre d'une ouverture plus large sur la politique nationale, voire internationale, l'économie et les problèmes de société abordant aussi bien la démission de Clemenceau, la déclaration ministérielle de son successeur, le budget et la réforme fiscale, la restriction du droit de grève, la repopulation de la France, l'organisation de l'enseignement professionnel, l'alcoolisme et les pouvoirs publics, l'autonomie de l'Alsace-Lorraine, la révolution au Portugal… Au fil des mois, Le Journal d'Auchel se montre de plus en plus préoccupé par la situation internationale, les titres plein d’inquiètude se succèdent : « Si la guerre éclatait », « Comment l'Allemagne prépare la guerre ? », « Notre marine !», « La réorganisation de la défense nationale »,…
Ce journal n'en est pas pour autant plus original que ses confrères. La plupart des articles d'information générale paraissent au même moment dans d'autres journaux de la région. Henri Brumont, Pol Harduin, C des Cordeliers, Jean Couraud, Georges Bonnefoy, Jacques Abeille, A. Capello, Georges Laurence, René Sabatier, Robert Delys, Henry Berton, Jean Soleil, René Grougé etc., sont des signatures que l'on retrouve dans d'autres publications de l'arrondissement.
L'information locale composée essentiellement de quelques communiqués et faits divers y est un peu plus développée que dans Le Petit Auchellois avec notamment dans ses premiers numéros un historique du tramway d'Auchel à Aire, une histoire d'Auchel.
Républicain, le journal est sur la même ligne que son concurrent pour soutenir Delelis lors des élections législatives de mai 1910. La campagne électorale marque d'ailleurs une trêve dans les attaques du Petit Auchellois contre Hernu et Morel. Le député élu, « ça recommence !... » soupire Loustic, rédacteur au Journal d'Auchel. Le dirigeant du Petit Auchellois, accuse-t-il, « visait la place du maire ». A Hernu dont il prend la défense, le périodique offre d'ailleurs ses colonnes. Parmi les pseudonymes qui apparaissent dans la rubrique locale, on relève Populo, J Étais, etc. Quant aux feuilletons, ils sont pour la plupart dis à Pierre Dax. L'état de la collection ne permet pas de connaître la position du Journal d’Auchel lors des élections municipales de 1912.
La parution du Journal d'Auchel se poursuit cependant jusqu'à la veille de la Guerre. Le dernier numéro paraît le dimanche 2 août 1914. C'est le deux cent quarantième.