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ARRAS-SPECTACLES

Arras-Spectacles. Journal-programme, théâtre, cinémas, concerts paraissant le vendredi

Vert, jaune, rouge,…, Arras-Spectacles passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Ou presque. Chaque semaine, il change de teinte. À défaut de nuance politique, ce petit périodique, paraissant tous les vendredis, a un programme tout entier contenu dans son titre et dans son sous-titre « Journal-programme. Théâtre - cinémas - concerts. »
Le premier numéro paraît le 18 octobre 1929. Dans une ville en pleine renaissance, la direction développe ainsi ses ambitions : « Nous voulons donner un écho à la vie artistique de notre laborieuse cité, condenser en des informations précises, tout le chapitre concernant l'art lyrique sur notre scène municipale rénovée, de l'art cinématographique si florissant sur les écrans arrageois, de l'art musical, enfin, dont notre école de musique entretient le culte [...].
Nous voulons en publiant des articles consacrés à toutes ces manifestations artistiques, juger en toute indépendance les productions qui seront offertes au public, être l'interprète fidèle de ce public et assumer une liaison amicale entre celui-ci et les directeurs de spectacles. »
Sorti des presses de l'imprimerie Malfait, 48, rue Gambetta, qui publie également le quotidien L'Avenir, cet hebdomadaire est vendu au prix de 0,50 F. De format 28 x 45 cm, il comprend alors six pages présentées sur trois colonnes entourées d'épais filets noirs. En novembre 1931, un titre et des filets en couleur tranchant sur un papier de meilleure qualité donnent à ce journal un aspect plus agréable.
Pour assurer la rédaction de son périodique, le gérant Georges Colpaert s'est entouré, annonce-t-il, de spécialistes : « Nous avons confié la rédaction de la chronique théâtrale et musicale à un de nos concitoyens dont la compétence est la garantie d'une saine critique, avertie, exempte de toute passion. Un de nos amis qui s'intéresse depuis longtemps à tout ce qui touche à l'écran, qui a été l'auteur de scénarios cinématographiques et qui est au courant de la production française et étrangère a été chargé de la rubrique cinéma. »
Les collaborateurs d’Arras-Spectacles qui draine une abondante publicité, sont probablement peu nombreux. La plupart se cachent derrière des pseudonymes dont nous n'avons pas percé le secret : Musac, LEcran, ou Nick. En 1931, d'autres critiques sont signées Gabriel Aquitain, que nous n'avons pas non plus réussi à identifier. Seule certitude, Ernest Dupont, ancien rédacteur en chef de L'Avenir, collabore régulièrement au périodique. Enfin, à partir février 1930, le gérant est Alfred Bencteux.

Lancé au début de la saison théâtrale 1931-1932, Arras-Spectacles fait donc sa « une » avec la présentation des spectacles qui seront donnés au théâtre d'Arras. Cet article est suivi d'un portrait de M. de Gramont, directeur artistique du théâtre municipal, et d'un papier sur les tournées Baret. Les programmes dans les trois salles de cinéma de la ville, le Kursaal, le Trianon, le Palace, et celui des concerts complètent ce premier numéro.
Dès la deuxième livraison, le périodique semble afficher des ambitions prometteuses en passant à huit pages. Il ouvre par une série sur « Le théâtre à Arras il y a près de cent ans en 1836 » d'après Le Progrès du Pas-de-Calais de Degeorge. On y trouve un portrait sympathique sur les ouvreuses arrageoises qui, contrairement à celles de Paris, « sont modestes, aimables, prévenantes et n'ont pas les doigts "happeurs", ni "tapeurs" ». Alors que seront présentées prochainement au théâtre Les Cloches de Corneville, le journaliste d'Arras-Spectacles souhaiterait la fermeture des portes « dès que le chef a levé sa baguette jusqu'à la fin de l'acte car il y a toujours des retardataires. » La rubrique cinéma dépasse la présentation des films projetés sur les écrans arrageois avec une série de petites nouvelles sur les tournages, les metteurs en scène, les artistes… Le 11 juillet 1930, le journal annonce l'arrivée du cinéma parlant au Kursaal. Le 16 janvier 1931, sous le titre « Comment je fais un film », il publie un court entretien avec Ernest Lubistch.
Aucun spectacle, aucune manifestation culturelle ne semble étranger à l'hebdomadaire qui évoque aussi bien le concours des Rosati à Paris, la participation d'artistes peintres arrageois à des expositions parisiennes que le cortège historique du 6 juillet 1930 ou la fête communale.
Arras-Spectacles fait appel à l'illustration. Dans le numéro du 10 janvier 1930, le compte rendu du spectacle Rigolleto est accompagné d'une photo, celle de l'interprète Germaine Lenglé du Capitole de Toulouse. Régulièrement, le journal brosse le portrait d'un des artistes se produisant dans la semaine à Arras en l'illustrant d'un croquis. La présentation des films de la semaine est parfois illustrée d'une photo…
Dans sa première livraison, la direction assurait avoir « pris toutes les mesures utiles pour que Arras-Spectacles donne toute satisfaction au public arrageois. » S'adressant à un public particulier, l'hebdomadaire rencontra-t-il une large audience ? Les chiffres sur son tirage ou ses ventes manquent. Quelques semaines après sa sortie, une indication nous est fournie. Le 27 décembre 1929, le journal souhaite une « Bonne année à [ses] 1 000 lecteurs », ce qui ne ferait qu'un très faible tirage. Il n'a en tout cas qu'une existence assez courte. Après des difficultés en avril-mai 1931 - un seul numéro de deux pages pour les deux mois -, l'apparition de la couleur en novembre ne suffit pas à masquer une pagination réduite qui entraîne l'abandon de la rubrique cinéma. L'hebdomadaire disparaît le 4 mars 1932 alors qu'il entre dans sa quatrième année.