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Égalité de Roubaix-Tourcoing (L’)

L'Égalité de Roubaix-Tourcoing

Devient : L'Égalité de Roubaix-Tourcoing. Journal socialiste quotidien.- Puis : L'Égalité de Roubaix-Tourcoing. Journal d'information.- Du 18 avril au 31 décembre 1898 paraît sous le titre de : L'Égalité. Journal socialiste quotidien de Roubaix-Tourcoing

Les péripéties financières du Réveil-Égalité
L’Égalité de Roubaix-Tourcoing est une édition locale du Réveil du Nord de Lille[1], quotidien fondé en novembre 1889 par plusieurs Francs-maçons lillois. Le Réveil du Nord, d’abord radical, puis organe du syndicat des mineurs est, en 1893, au bord de la faillite. Theillard, le relève par commandite ; parmi les actionnaires se trouvent Delesalle[2], franc-maçon qui a évolué du radicalisme au collectivisme, et deux riches commerçants juifs de Lille[3]. Le 11 mars 1894, Le Réveil du Nord devient organe d’union socialiste et ouvre ses colonnes à Guesde et à Ghesquière. En avril 1895, Theillard obtient, au Congrès de Calais, que Le Travailleur (organe de la fédération du Parti ouvrier), s’efface devant Le Réveil du Nord, qui devient ainsi l’organe officieux des guesdistes dans le Nord[4]. En 1896, est fondée une édition locale, L'égalité de Roubaix-Tourcoing.

Les collectivistes, à la recherche de bailleurs de fonds, trouvent un banquier lyonnais, Theillard, principal actionnaire et président du Conseil d’administration de La Petite République; Theillard... confie aux collectivistes la rédaction du Réveil du Nord et de l’Égalité de Roubaix-Tourcoing [5].

Cette situation durera jusqu'en 1900. En mars de cette année, Le Réveil du Nord, qui depuis 1895 avait accepté le contrôle et la direction du parti ouvrier, nous fit savoir qu’en raison de l’union créée au Congrès de Japy (décembre 1899), et de la constitution d’un Comité général, émanation dudit congrès, il se considérait comme étant sous le contrôle du Comité général, et ne pouvait plus être considéré comme l’organe officiel du Parti ouvrier français[6].

Certains dirigeants roubaisiens, lillois, calaisiens, semblent même ne pas reculer pour sauvegarder leurs journaux, devant de graves compromissions... Un banquier parisien Faye aurait acheté la majorité des actions du Réveil du Nord et du Combat pour se faire attribuer, grâce à l’intermédiaire du colonel Sever, par la municipalité Delory, la concession des tramways à Lille, et par la municipalité Delecluze une affaire de publicité sur les becs de gaz de Calais…[7] Ce qui est à rapprocher de cette information du Petit Roubaisien (20 juin 1909) selon laquelle La Compagnie des tramways aurait, en 1898, pris en sous-main le contrôler du Réveil-Égalité par l’intermédiaire de la Société de la presse populaire, créée pour l’occasion, et dont Chabrouillaud, secrétaire de la mairie de Roubaix était administrateur.

C’est que les travailleurs répugnent à l’abonnement ; il est donc difficile de faire vivre les journaux socialistes. Le Réveil et L’Égalité n’échappèrent pas à la règle ; même s’il survécurent plus longtemps que beaucoup d’autres organes socialistes.

En bref, si l’on veut, Le Réveil est d’abord radical et anti-boulangiste. En 1894, il diffusera des idées guesdistes, et L’Égalité avec lui à partir de sa création en 1895, puis les deux s’aligneront sur Jaurès à compter de 1900. En 1914, Le Réveil aurait tiré à 100 000 exemplaires.

L ‘Égalité est installée 13, rue des Champs.

1.2 es collaborateurs
Avant 1898, on peut noter le nom de d’Henri Ghesquière ; Duc Quercy publie en mai 1896 une série sur le Vooruit.

Le 27 octobre 1898, L’Égalité publie un placard publicitaire pour attirer le lecteur. Le rédacteur en chef est alors Gustave Siauve-Evausy ; le secrétaire de rédaction Louis Marle, aidé de E. Polvent, André Polteix, Henri Ghesquière, Mary-Gill, A. Dagrot, Liévin Bailleul, G. Lesur, Louis Catrice, G. Descheerder, C. Carlier, A. Michonneau, , et Emile Raymond. Il s’est de plus attaché la collaboration de Jules Guesde, Jean Jaurès, A. Millerand, René Viviani, Paul Lafargue, et d’autres, ainsi que de dirigeants socialistes régionaux, Émile Moreau, Édouard Delesalle, G. Devernay, etc. Les questions minières seront traitées par Basly et Lamendin, député de Lens et de Liévin.



Siauve-Evausy. François-Gustave Siauve, dit Siauve-Evausy[8]. Né le 4 mai 1862 à Coussac-Bonneval (Haute-Vienne), dans une famille ouvrière. Il fait ses études au séminaire de Saint-Yrieix. À Bordeaux, en 1880, il entre dans l’administration des postes, devient administrateur du télégraphe. Franc-maçon, il adhère au Parti ouvrier en 1888. Il est révoqué de son emploi, le 6 octobre 1889, pour s’être mêlé publiquement à l’agitation socialiste et boulangiste à Bordeaux. Il devient alors employé de commerce dans la maison Buisson [...]. Initiateur et président de l’Association des travailleurs républicains socialistes de Bordeaux (1891-1893), il est candidat aux élections municipales de 1892 à Bordeaux. Il se présente aux élections législatives de 1893 en Corrèze (2e Brive) ; il semble qu’il est reçu une subvention du républicain progressiste élu dans la circonscription voisine. Rédacteur en chef du Peuple de Bordeaux, (juillet 1894), puis du Peuple de Lyon (novembre 1894), il s’occupe ensuite de L’Égalité de Roubaix-Tourcoing puis passa au Réveil du Nord. Sur le modèle de l’organisation bordelaise, il crée et anime à Roubaix, pour les élections municipales de 1896, L’Union électorale républicaine socialiste. La police le considère comme un homme facile à acheter [il semble avoir reçu des pots de vin d’un des administrateurs de la Compagnie des Tramways, alors qu’il s’occupe du syndicat des employés des tramways. Comme Sever et Delesalle, il aurait donc été mêlé à l’affaire de concussion des tramways lillois...].

Willard ajoute beaucoup de détail sur Siauve–Evausy. Page 73, il précise que Siauve a reçu 840 F versé par le candidat réactionnaire de la 1ère circonscription, lors des élections de 1892 ; puis, page 88, que Siauve est un ancien boulangiste; Siauve appelle en 1897, comme secrétaire de rédaction au Réveil du Nord, Annequin qu’il a connu comme rédacteur du réactionnaire Avenir de Corrèze et dont la femme est indicateur de police ; Delesalle de Lille, et Theillard, le bailleur de fonds ayant appris ces détails exigent de Siauve, réticent –il craindrait les révélations d’Annequin- le renvoi de ce dernier; Ce n’est pas la seule bourde de Siauve. Il engage pour le remplacer le patriote et antidreyfusard Lacan, par l’intermédiaire d’une agence de presse. Ce dernier, publiera une brochure (Cinq mois chez les collectivistes) dans laquelle il se fera gloire d’avoir contrarié l’orientation dreyfusarde du journal (p. 143). Par contre, il semble que Siauve fut vite convaincu de l’innocence de Dreyfus, et le fit savoir dans Le Réveil et L’Égalité.

Tout cela n’empêchera pas Siauve-Evausy de représenter la fédération du Nord du P.O.F. aux congrès nationaux en 1893, 1897, 1899. À Japy, il vote en faveur de la participation ministérielle. Il quitte le P.O.F. en 1901, en même temps que Delesalle. Le Petit Roubaisien (anti-socialiste) écrira le 25 juillet 1909 : M. Siauve-Evausy est un journaliste qui a honoré sa profession tant par son talent que par la courtoisie de ses polémiques ardentes et passionnées…

Siauve a aussi publié quelques brochures : Le Peuple son avenir, (Bordeaux, 1885), où il défend spiritualisme et métempsycose ; Roubaix socialiste, ou quatre ans de gestion municipale ouvrière (Lille, 1896) ; Les votes de Jules Guesde, publiée en 1898 dans le cadre de la campagne de Guesde à Roubaix[9] ; Le repos hebdomadaire dans la pratique et selon la loi du 18 juillet 1906, (Lille, 1906). On trouvera un portrait de lui dans La Vie flamande illustrée du 19 août 1911.

Il ne faudrait pas oublier M. Levrault, correspondant roubaisien de L’Égalité et tête de Turc du Petit Roubaisien, qui ne manque pas une occasion de le traiter de névropathe, affirmant que ce dernier est atteint d’une maladie dégénérative.

Parmi les collaborateurs de l’Égalité (même s’il est parfois difficile de faire la part entre ceux-ci et ceux du Réveil, on trouve, outre Henri Ghesquière, Émile Moreau, dont on a déjà beaucoup parlé (voir L’Idée républicaine, Le Libéral du Nord, Roubaix-républicain…). Et le journal fait aussi appel aux correspondants : Aux camarades lecteurs de L ‘Egalité. Nous rappelons à nos amis et lecteurs qu’un journal vit surtout d’information. En conséquence, et pour faciliter notre tâche nous les prions de vouloir bien nous signaler chaque jour, au journal [entre 6 et 8] tous les faits qui se passeront sous leurs yeux, ou qui seront portés à leur connaissance (2 juillet 1898) ; vols, accidents du travail ou de la rue, incendie, crimes, etc. , tout est bon !

Liévin Augustin Bailliu, dit Liévin Bailleul. Né à Roubaix le 28 novembre 1869. Adhère au P.O.F. à vingt ans. Ouvrier tisserand, il est mis à l’index. Il entre alors comme rédacteur au Réveil du Nord (1892), puis à L’Égalité de Roubaix-Tourcoing. Secrétaire de la Fédération nationale du textile (1894), secrétaire général du Comité d’organisation du IIIe Congrès international du textile (Roubaix, 1897). Conseiller municipal depuis 1897, il est un des sept élus roubaisiens qui restent fidèle au P.O.F. lors de la scission Carrette. Délégué aux congrès nationaux du P.O.F. en 1893, 1896, 1897, 1901, 1902, du Parti socialiste de France en 1902, 1903, 1904 et au Congrès de Japy. Candidat de principe aux élections législatives de 1902 dans le Maine-et-Loire. Décédé le 1er août 1947 à Roubaix.[10]

Chabrouillaud Félix, Jean, Césaire. Né le 13 novembre 1862 à Barbezieux (Charente); son père fut avoué, puis président du tribunal de Sisteron. Élu conseiller municipal de Limoges en 1885 comme radical-socialiste. Avocat à la cour d’appel de Limoges (depuis mars 1886), mais besogneux et menant une vie assez dispendieuse. Pour améliorer sa situation, il collabore à La Dépêche de Toulouse, à La Petite République, au Chambard, est chroniqueur judiciaire au Temps. En 1894, il collabore au Réveil du Centre, organe collectiviste de Limoges. Appelé à Roubaix, il exerce les fonctions d’administrateur du Réveil du Nord, de l’Égalité de Roubaix-Tourcoing et assume le secrétariat de la mairie. Favorable à Millerand, il semble avoir joué un rôle important dans la scission de Carrette en 1902[11].

Descheerder Auguste, Julien (dit Gustave). Né le 24 novembre 1869 à Halluin, d’un père belge; après avoir séjourné à Paris, et aux États-Unis, cet ouvrier peintre s’installe à Tourcoing comme cabaretier. Il est naturalisé en 1895. Rédacteur à L’Égalité de Roubaix-Tourcoing. Candidat aux élections municipales de 1896 et aux élections cantonales de 1898. Délégué aux Congrès nationaux de 1896 et 1897. Secrétaire général du syndicat des ouvriers peintres du Nord et du Pas de Calais. Auteur anonyme d’une brochure : Le socialisme devant l’opportunisme (1897). Exclu du P.O.F. pour avoir mené, contre les décisions du conseil fédéral, campagne contre le candidat radical aux élections législatives de 1898[12].

1.3 Le contenu
1.3.1 L’Égalité défend les travailleurs
L’Égalité naît le mercredi 1er mai 1891, le jour même choisi par les ouvriers du monde entier manifester leur désir d’instaurer une société plus juste.

Dans un billet à ses lecteurs ce jour là, L’Égalité écrit : Le titre seul de ce journal est tout un programme. À l’égalité civile sortie de la Révolution française de 1789 et à l’égalité politique, sortie de la Révolution de 1848, nous voulons ajouter l’égalité économique, que Condorcet, au siècle dernier déclarait « le dernier but de l’art social » ; et en dehors de l’égalité, tous les droits visant ( ?) dans les lois et dans les constitutions ne sont que des mots et des mensonges (2 mai 1891). Le journal veut être l’artillerie qui manquait aux ouvriers français dans leur combat. Au coup de feu isolé, tiré de loin en loin sur un ennemi armé de toutes pièces va succéder une canonnade de tous les jours.

Dans le placard publicitaire cité plus haut, Le Réveil-L’Égalité souligne la précision et la rapidité de [ses] Renseignements politiques, socialistes et ouvriers, comme les journaux les plus complets de la France entière ; et leurs leaders-articles, signés de noms connus et aimés du monde socialiste augmenteront leur attrait, par l’analyse et l’étude approfondie qu’ils donneront, chaque jour, des faits saillants de la politique nationale et internationale et des événements économiques…

L’Égalité défend les travailleurs, nommant par antiphrase sa rubrique « accidents du travail » Les rentes des travailleurs, parce qu’on avait osé prétendre que les travailleurs gagnaient de l’argent bien facilement grâce aux accidents du travail. Dans une interview (imaginaire) de Motte, elle lui fait avouer : je ne donne rien à mes ouvriers, en échange de la plus grande partie de leur travail (1er juillet 1898), analyse proprement marxiste.

Cette défense prend parfois des allures qui nous surprennent. Ainsi, L’Égalité n’est pas convaincu de l’utilité des retraites ouvrières, parce que cela représente une ponction sur leurs salaires actuels, déjà bien bas et que trop peu d’ouvriers en profiteront : ils seront mort auparavant. Ou bien le 5 juillet 98, l’hebdomadaire publie une lettre des haleurs de bateaux, protestant contre le halage électrique.

Notons que cette défense ne s’étend que mollement à la gent féminine. Le 25 août 98, L’Égalité signale qu’un individu battait, dans la rue, sa maîtresse d’une manière vraiment révoltante… (souligné par moi).

1.3.2 L’Égalité est anticléricale
L’Égalité est violemment anticléricale, voire athée : Le singe […] qui continue à faire l’acrobate autour des bâtons entre-croisés, devant lesquels se prosternent encore une multitude de pauvres d’esprit … (24 juillet 98). Le journal fait de la propagande pour la Libre-pensée, et en rapporte les réunions. Ainsi, un meeting avec Carrette et Furnimont, député de Charleroi, aurait rassemblé 1000 personnes (4 juillet 98). Et bien sûr L’Égalité fait une belle part aux enterrements civils qui indisposent si fort les catholiques : lors de l’enterrement civil de la fillette de Bailleul, sur la tombe le citoyen Meurant, président de la libre pensée de Roubaix, a prononcé un discours émouvant ; il a fait l’apologie de la libre-pensée et de l’anticléricalisme. Par ailleurs, le journal soutient La ligue du dépôt testamentaire (déposer un testament réclamant explicitement des obsèques civiles, pour éviter les contestations autour du défunt –25 octobre 1898).

Le 1er août elle demande que soit enlevée une croix de pierre surmontant l’école de la rue de Moulin. Et elle ne manque pas de voir le doigt de Dieu dans l’écroulement d’une église (25 octobre 98). De plus, les invitations à acheter ou lire La Calotte sont très nombreuses.

1.3.3 L’Égalité et l’antisémitisme
L’Égalité n’est pas toujours à l’abri du reproche d’antisémitisme. On trouve, dans le numéro du 8 mars 1895, sous le titre Question juive : Ainsi le vieux monde arabe est miné par les juifs, en même temps que les colons et les immigrants français sont pressurés ou évincés par eux… Elle se reprend pourtant le 18 mai 1895 : au congrès de Bruxelles, on parle des rapports de l’antisémitisme et du socialisme : Une des manœuvres par lesquelles la classe capitaliste et la réaction gouvernementale cherchent à faire dévier le courant socialiste et à diviser les travailleurs. Sous une feuille de vigne socialiste, selon l’expression de Frédéric Engels, l’antisémitisme […] est donc essentiellement réactionnaire. L’Égalité revient à de nombreuses reprises sur cette question, comme s’il fallait bien en persuader ses lecteurs (16 août 98, une poésie de Louise Mull contre l’antisémitisme ; 14 juillet 98, Michelet et l’antisémitisme, considéré comme un dérivatif aux justes colères légitimes du peuple contre le clergé et les nobles ; Siauve-Evausy, rendant compte du livre de Guérin[13] L’Anti-juif, conclut en affirmant qu’il ne faut pas se tromper d’ennemis. Et si L’Égalité tient d’abord Dreyfus pour coupable, elle changera d’avis par la suite, et se réjouira de la proclamation de son innocence.

1.3.4 L’Égalité et la colonisation
La position de L’Égalité sur la colonisation n’est pas claire. Parfois, elle la défend, avec un peu de mépris pour les peuples colonisés. Parfois, elle semble les défendre. Le 23 mai 95 par exemple, elle donne des nouvelles de la conquête de Madagascar, sans l’ombre d’une condamnation pour l’action de la France. Ailleurs, elle prône l’union des ouvriers et des arabes en Algérie. Lorsque Samory est capturé après douze ans d’affrontement avec les Français, L’Égalité écrit : [l’Attila noir] ira, comme Abd el Kader, comme Behanzin, comme Ranavolo et Rainilaiarivony, comme tous les adversaires que la France a loyalement et royalement traité, finir ses jours dans quelques terres d’exil (15 octobre1898). Lorsque le quotidien rend compte de sanglants combats qui opposent les Belges aux populations congolaises, il ne montre aucune considération pour les rebelles (2 juillet 98).

Les connaissances géographiques des rédacteurs sont parfois approximatives. Félicitant de l’élection de Légitimus à Pointe-à Pitre, le rédacteur écrit que le nouveau député dédaigne absolument le patois guyanais, et parle ensuite des bateliers de l’Amazonie et du Maroni…

1.3.5 Le reste du journal
Les feuilletons sont souvent empruntés à La Petite République, qui envoie quotidiennement ses flancs au Réveil du Nord. À certains moments, Le Réveil du Nord, ne possédant pas de secrétaire de rédaction, publie des dépêches d’agences, sans commentaires même si elles sont contraires à la ligne.

L’Égalité ne répugne pas aux faits-divers ainsi le 12 juillet 1898 titre-t-elle sur Une femme brûlée vive ! et Mort tragique d’une jeune Calaisienne d’une part, et Une femme vitriolée à Dunkerque d’autre part. Le 26 juillet 98, c’est Vacher, le tueur de berger, qui fait les titres..

La publicité, au moins dans les premiers temps, est très ciblée. Ainsi dans le numéro du 20 juillet 1895 trouve-t-on de la réclame pour le Savon des 3/8 fabriqué par la Savonnerie des travailleurs, ou la Chicorée des travailleurs de Poix du Nord…

1.4 L’Égalité et ses confrères
Le quotidien socialiste n’est guère aimable avec Le Journal de Roubaix : une loque malpropre (12 juin 1892) ; il se moque aussi du seul journal républicain de la localité qui reçoit dans ces bureaux des souscriptions pour le pèlerinage belge d’Anvers à Rome, Padoue… Si après cela vous osez encore douter du républicanisme de l’organe de l’Union sociale et patriotique (10 août 98). II ne l’est guère plus avec La Croix : un écrivailleur catholique écrit, dans une feuille qui pue l’encens et la cire rance. La Petite feuille catholique est traitée à la même enseigne : Un certain Chevallier interdit qu’on dépose chez lui cette feuille. Le porteur passe outre. Injures, seau d’eau, et L’Égalité de conclure : On a bien le droit que diable, d’être maître chez soi et de défendre de déposer des ordures (26 septembre 98).

Dans L’Égalité du 14 décembre 98, G. Lesur se défend d’être l’auteur d’un article paru dans le Vrai Roubaigno visant un autre journaliste roubaisien. D’ailleurs affirme-t-il, aucun journaliste du Réveil-Égalité ne collabore au Vrai Roubaigno.







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[1] On lit dans l’Égalité de Roubaix et dans le Réveil du Nord, à la première page qui est commune aux deux éditions, puisque les deux ne forment qu’un seul et même journal (Petit Roubaisien; 4 juillet 1909)

[2] L’Égalité du millionnaire collecto-fumiste Delesalle… (3 octobre 1909)

[3] Voir ADN T 222/34 pièces 365, 166 et 137. Citées par Willard, Les Guesdistes…; op. cit.; p. 140.

[4] Willard. Les Guesdistes...; op. cit. pp. 139/140.

[5] Willard. Les Guesdistes…;: op. cit..- p.139.

[6] Delory. op. cit. ; p. 145.

[7] Willard. Les Guesdistes…; op. cit.; p. 142.

[8] Ou comment se faire un nom grâce à une anagramme (É,vausy = Siauve à l’envers).

[9] Willard; op. cit; p. 151.

[10] Willard; op. cit, p.605. Voir aussi Le Roubaisien du 10 septembre 1993, et Jean Lebas… / Jean Piat, op. cit., p. 57.

[11] Willard; op. cit.; p.611.

[12] Willard; op. cit.; p. 618.

[13] Le fumiste dangereux, qui s’appelle Jules Guérin…L’Égalité du 28 octobre 1898.