← Retour

Caritas

Caritas. Bulletin de l’Œuvre du père Halluin

Sur la première de page de la couverture, un dessin, œuvre d'un enfant de l'orphelinat de la rue de Beaufort à Arras. Le père Halluin, « le saint Vincent-de-Paul de l'Artois », accueille un enfant sans vêtements, sans chaussures, sans ressources. Sur la quatrième de la couverture, le monument élevé à la mémoire de ce fondateur de l'orphelinat qui, depuis 1848, s'ouvre aux enfants abandonnés, démunis.
Le 1er janvier 1929, paraît le premier numéro de Caritas, bulletin de l'œuvre du Père Halluin. Sous cette couverture illustrée, se cache un modeste trimestriel de douze pages de petit format, dont le prix de « l'abonnement ordinaire » est laissé à la discrétion de ses lecteurs. Imprimé par la Nouvelle Société anonyme du Pas-de-Calais, il est rédigé par le père Félix Ranc, directeur de l'orphelinat et a reçu pour son lancement la bénédiction de l'évêque, Mgr Julien.
Dès les premières pages, le directeur de l'institution justifie le titre de la publication : « Caritas, charité, c'est bien le nom qui lui convient. Caritas, charité ! N'est-ce pas le mot qui résume le mieux, qui exprime de façon parfaite la vie et l'œuvre du P. Halluin, le fondateur de l'orphelinat.
Caritas, charité ! n'est-ce pas aussi ce qui fait battre votre cœur et vous pousse à semer à pleines mains le bonheur autour de ceux qui, dans un âge si tendre, ont été privés des caresses irremplaçables d'une mère, de l'amour plus fort d'un père ? Caritas, charité ! N'est-ce pas le nom de notre maison ? la maison du P. Halluin, dit-on souvent, c'est la maison du bon Dieu, or Dieu est charité. » Il présente également les objectifs de la publication : exprimer sa reconnaissance au nom de l'œuvre à tous ceux qui lui apportent leur soutien, donner des nouvelles de l'œuvre du P. Halluin, dire ce qui manque le plus, parler des anciens…

L'ORPHELINAT ET LES ANCIENS
Les pages suivantes proposent d'ailleurs un « coup d'œil rapide sur [l'] œuvre » : l'orphelinat de garçons, la colonie de vacances à Merlimont, les cours élémentaires, moyens, complémentaires, les cours d'enseignement secondaire « pour les mieux doués », les cours de dessin et de musique vocale et instrumentale, les séances récréatives, l'instruction religieuse et l'instruction professionnelle reçue dans l'établissement ou chez un patron d'Arras ou des environs.
Par la suite, plusieurs numéros relatent par le menu, du départ d'Arras en juillet au retour à la mi-septembre, le séjour des enfants à Merlimont. D'autres présentent, photos à l'appui, les ateliers de couture, reliure, horticulture et cordonnerie où les enfants apprennent un métier. Le numéro de janvier-mars rapporte que l'œuvre comporte l'orphelinat de la rue de Beaufort recevant 150 écoliers et 50 apprentis, mais aussi une maison d'environ 70 orphelins de 6 à 10 ans au Faubourg d'Amiens à Arras. Au fil des années, les activités proposées aux enfants se diversifient. Dans le même numéro, les « Tarcisius du Père Halluin », petits chanteurs, portant tunique blanche rayée de rouge, et cordon d'aube ceint à la taille, font l'objet d'un petit reportage. Le trimestriel suit les performances de l'association sportive du Père Halluin. À partir de 1933, des sections d'anciens sont créées. 6 000 à 7 000 enfants sont passés par l'orphelinat depuis sa création et la revue va publier de petites notes sur chacun d'entre eux.
Caritas ne manque jamais de rendre hommage à ses protecteurs célèbres lors de leur disparition : Mgr Julien, mais aussi le chanoine Guillemant ou les collaborateurs du fondateur, notamment le père Félix. Successeur du père Halluin, il avait fondé en 1885 La Croix d'Arras, il avait dû quitter à Arras en 1903, lors de la dissolution de certains ordres religieux. La liste des bienfaiteurs de l'orphelinat est régulièrement publiée. La mémoire du père Halluin est régulièrement honorée, sa photo paraît régulièrement pour illustrer les propos du directeur de l'orphelinat, sa vie est racontée en plusieurs épisodes.

LES ACCORDS DE LATRAN
Dès son deuxième numéro, Caritas salue « le triomphe du Vatican » après les accords de Latran (1) signés entre Pie XI et Mussolini : « Quelle joie, dans toute l’Église, quand journaux et revues annoncèrent que la captivité du pape avait pris fin. Depuis le vol, à mains armées, des États pontificaux, en 1870, le pape Pie IX et ses successeurs, vaillants défenseurs de la liberté due au Saint-Siège, s'étaient constitués prisonniers du Vatican.
Qui ne se rappelle le noble et vibrant enthousiasme qui remua alors les nations chrétiennes ! ces phalanges de nobles jeunes gens qui s'enrôlèrent dans les troupes pontificales de Pie IX pour défendre, contre les sombres et sataniques Garibaldiens, la liberté et la dignité du siège de Pierre. » Une occasion de rendre hommage à Jean-François Pautrat qui revêtit l'uniforme des zouaves pontificaux. Après leur dispersion, il « entra dans les ordres et, après avoir été le collaborateur du père Halluin, devint son successeur. Il dirigeait encore l'orphelinat en 1914 qui comptait 400 enfants. Il les accompagna en exil dans l'Allier, mourut en 1918. » La réinstallation de la statue du père Halluin, sur la place du Wetz d'Amain le 25 mai 1930 constitue l'essentiel du n° 7. Inaugurée en 1896, elle avait été, durant la guerre, placée dans les sous-sols du Palais Saint-Vaast.
De 1929 à 1933, la pagination connaît des fluctuations. Réduit à huit pages en octobre 1930, Caritas « monte » jusqu'à 16 pages. La parution connaît des retards. En janvier 1933, son format augmente passant à 19 x 28 cm. Le trimestriel adopte une nouvelle couverture : le christ bras ouvert accueille des enfants. De chaque côté, la parole du messie « Laissez venir à moi / les petits enfants ». Le père Eustache Pruvost, nouveau directeur de l'orphelinat, est le nouveau gérant de la publication.
Le dernier numéro, daté de janvier-mars 1939, paraît d'ailleurs au moment où l'orphelinat connaît un changement de directeur avec l'arrivée du père Michel Cornillie. Caritas était dans sa onzième année. Dans la collection conservée aux Archives départementales manquent les numéros de juillet 1929, janvier-mars 1934, janvier-mars 1935, janvier-mars 1938, octobre-décembre 1938.

(1) Signé le 11 février 1929, le traité de Latran règle la question romaine (Voir par ailleurs). Il déclare le catholicisme seule religion de l’État italien et rend l'enseignement religieux obligatoire dans les écoles.