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Alerte du combattant (L’)

L’Alerte du combattant. Groupe départemental des sections de l’UNC. Anciens combattants, mutilés, réformés, veuves, ascendants de la guerre

À partir de février 1939 : Organe du groupe départemental des sections de l’UNC du Pas-de-Calais

« Union des anciens combattants ! » Ce souhait maintes fois répété par L’Écho du combattant est partiellement réalisé dans le Pas-de-Calais lors du congrès fédéral de septembre 1929. L'UNC y comptait deux titres L’Écho du combattant (Cf. notice) et L'Alerte, journal de Calais et des environs, qui, à la suite du rapprochement des deux sections, fusionnent pour former un organe commun à tout le département.
Comme l'écrit, un brin poète, l'éditorialiste du nouveau mensuel : « De la chrysalide Écho du combattant et Alerte s'envole aujourd'hui dans un rayon de soleil le gai papillon aux ailes tricolores L'Alerte du combattant. »

LE PAYS ET LES ANCIENS COMBATTANTS
Même format, même physionomie que L’Écho du Combattant, le nouveau titre suit la même ligne politique que son prédécesseur : « Son programme, poursuit l'éditorialiste, ne change pas. Issu de deux bulletins fondés pour la défense des anciens combattants, il reste fidèle à la même devise servir !... Servir le pays d'abord, ceux qui ont fait la guerre ensuite. » Et de terminer par quelques vers de Paul Déroulède, le poète soldat, comme le qualifie le journal : « Bonjour, bon an, Mère France ! / Nouveau temps, nouveau chemin / Ouvre ton cœur à l'espérance, / Hier est mort, vive demain ! »
Le siège de la rédaction et de l'administration se déplace plusieurs fois. En juillet 1929, il est situé 21, rue Ernestale à Arras ; en mars 1932, 4, place du Théâtre ; en janvier 1935, 13, Grand’Place… À partir d'octobre 1934, le nom du rédacteur en chef, R. Faucon, secrétaire général de la section du Pas-de-Calais, apparaît sous le titre. Au-dessous, le nom des membres du comité de rédaction, composé de Daval, Debray, Devillers, Sorrel. La section de l'UNC est alors présidée par Louis de Diesbach, conseiller général, maire d'Hendecourt-lès-Ransart. Cet ancien pilote de la Grande Guerre publie de nombreux articles dans L'Alerte du combattant qui reprend également des textes de La Voix du Combattant signés Paul Galland, Hubert-Aubert.
Le journal répercute les inquiétudes de ses lecteurs en matière de retraite, de statut des ayants droit à la carte du combattant, de mutuelles… L'année 1932, en particulier, voit ce que le mensuel appelle « la grande offensive contre la carte du combattant ». Pour faire face à l'inflation qui ronge le pays, le gouvernement décide en effet de réduire les dépenses.
La vie de la fédération départementale et des sections locales occupe une place importante dans le contenu du journal. En avril 1932, Louis de Diesbach qui se présente aux élections législatives laisse la présidence à Charles Pottier. Deux ans plus tard, ce dernier est remplacé par A. Devillers. La succession de Faucon donne lieu, en janvier 1935, à plusieurs articles avec présentation du nouveau rédacteur en chef, Gaston Debray. À événement exceptionnel, numéro exceptionnel, celui de juin-juillet 1932, dont les six pages largement sont illustrées, est consacré au XIIIe congrès national de l'UNC qui s'est tenu à Lille.

LA PAIX plébiscitée
L'organe de la section départementale de l'UNC n'échappe pas aux soubresauts qui secouent le pays. En mai 1932, il évoque sobrement l'assassinat de Paul Doumer par un portrait du président de la République et de son successeur Albert Lebrun. L'UNC est elle-même touchée par le scandale Stavisky qui entraîne la démission de son ancien président national Rossignol. En mars 1934, ce sont les manifestations d'anciens combattants qui font, sur cinq colonnes, la « une » illustrée de trois photos. « 30 000 membres de l'UNC, malgré tous les obstacles font entendre dans la rue la voix de l'honneur » titre le journal qui reprend également l'un des slogans de la manifestation : « Nous entendons que la France vive dans l'honneur et la propreté ».
L'Alerte du combattant est particulièrement attentive à la situation internationale. Dès mai 1933, R. Faucon sonne l'alarme contre les agissements et les propos d'Hitler. Pourtant en 1938, le journal accueille les accords de Munich avec soulagement. Dans son numéro d'octobre 1938, le mensuel reprend sur sept colonnes les propos d’Édouard Daladier aux Chambres après son retour d'Allemagne : « Nous ne maintiendrons la Paix que si nous consolidons l'union des cœurs et des esprits que viennent de rapprocher les angoisses communes, tout ce qui excite la haine, tout ce qui oppose des Français à d'autres Français, ne peut plus être considéré que comme une trahison.
Il faut à ce pays une transformation morale. Son unité s'est refaite pendant quelques jours autour de ses forces mobilisées. Ne la laissons pas s'émietter dans de vaines querelles. » Le journal se plaît à souligner combien cette affirmation correspond à la volonté profonde de l'UNC depuis vingt ans, concluant : « quand on nous accusait de "faire de la politique" nous n'avons jamais dit autre chose. » Quant à l'éditorial de Paul Galland, il est intitulé « Le plébiscite de la paix. » Dans l'une des pages intérieures du journal, sous la rubrique « Pour la paix », plusieurs articles évoquent cette satisfaction devant l'illusion de la guerre évitée. Ils ont pour titre : « L'UNC félicite M. Neville Chamberlain pour son initiative », « Les jeunes de l'UNC contre la guerre » ou « L'UNC réclame un gouvernement de Salut public ».
Quelques mois plus tard, le ton est différent. En février-mars 1939, L'Alerte du combattant exhorte chacun à résister à toute tentation de défaitisme. Les événements se précipitent et le journal ne paraît plus d'août à décembre. Dans le dernier numéro de l'année, Marc Scailliérez annonce que deux groupements de combattants l'UNC et l'UF ont fondé la légion des combattants français pour « aider le front, animer l'arrière, fonder une paix qui dure, refaire une France ». Dans sa livraison de mars-avril 1940, L'Alerte du combattant annonce un des premiers morts originaires de la région, l'officier André Bordenave, avocat stagiaire au barreau de Douai. Ce numéro qui exhorte chacun à la discipline est le dernier qui paraîtra avant l’invasion. Quelques jours plus tard, les troupes allemandes déferlent à travers le Nord et le Pas-de-Calais.