Bulletin de la Société de gymnastique et d’Armes d’Arras

Bulletin de la Société de gymnastique et d’armes d’Arras

Quelques années après la défaite de 1870, la France se prépare à la revanche. Un peu partout se créent des sociétés de gymnastique et d'armes. Arras n'échappe pas au mouvement.
Selon le numéro 170 du Bulletin de la Société de gymnastique et d'armes d'Arras, l'idée de créer une société de gymnastique est avancée le 19 novembre 1876. Elle n'aboutit pas, mais elle est reprise le 23 mai 1879. Cette fois, les statuts de la société sont déposés le 29 juillet, alors que quelques jours plus tôt avait déjà eu lieu la première réunion d'exercices.
Le 1er septembre 1892, la société se dote d'un bulletin. « Il était alors mensuel, lit-on dans ce même numéro 170. Il fut ensuite victime de vicissitudes diverses et devint trimestriel et ressembla parfois à ces publications capricieuses qui arrivent dans votre boîte aux lettres au moment où on les attend le moins. »

LE GYMNASTE, défenseur DU SOL NATAL
Le premier numéro conservé aux Archives départementales date d'août 1893. Il porte le n° 12. De format 18,5 x 28 cm, il comporte douze pages où les informations, présentées sur une colonne, se suivent les unes derrières les autres. La « une » de ce bulletin, imprimé par Rohard-Courtin, est illustrée par un portrait au trait d’Audemars, gymnaste suisse, qui, après un bref passage comme professeur de gymnastique adjoint à Arras, est revenu en 1888 comme directeur de la Société et professeur au collège et aux écoles communales. Puis se succèdent les comptes rendus des divers déplacements de la société à Dunkerque, à Clichy, à Creil et à Hermies où « l'impeccable exécution [des gymnastes arrageois] a soulevé d'enthousiastes bravos ». Le Bulletin de la Société de gymnastique et d'armes d'Arras reprend un compte rendu paru dans le Gymnaste belge saluant la réussite de la XIIIe fête de l'Association régionale du Nord et du Pas-de-Calais à Arras. Il regrette que le « Gymnaste français n'en a pas parlé ».
La nécrologie, la liste des nouveaux membres, des gymnastes arrageois au régiment complètent ce numéro où les lecteurs peuvent prendre connaissance du chant du gymnaste écrit pour les gymnastes audomarois par M. Durant sur l'air du Porte-drapeau d’E-O Petit : « Le Gymnaste est à L’Avant-Garde / Des défenseurs du sol natal / L'espoir naît quand on le regarde, / Son air est fier et martial. / Le Gymnaste est à L’Avant-Garde / Des défenseurs du sol natal.
La gymnastique qu'il adore / L'a rendu fort et vigoureux / Qu'une guerre survienne encore / Aux combats nous serons heureux. / La gymnastique qu'il adore / L'a rendu fort et vigoureux. »

LA 30e FÊTE fédéralE
De mai 1903 à février 1904, la société de gymnastique publie, chaque mois, une Annexe au Bulletin de la Société de gymnastique et d'Armes d'Arras. Sous-titrée « organisation de la XXXe fête fédérale », cette feuille de format 18 x 26, 5 cm est entièrement consacrée à la préparation de la manifestation que la société arrageoise organisera en 1904.
Présentés sur huit à douze pages foliotées en continu, ces renseignements sont publiés en « annexe afin qu'ils puissent être détachés du reste du bulletin ». Numérotée à partir du n° 2, cette annexe devient le Bulletin mensuel de la XXXe fête fédérale publié par le Bulletin de la Société de gymnastique et d'Armes d'Arras. Ce périodique est servi gratuitement à toutes les sociétés de l'Union fédérale. Imprimé par F. Guyot, il donne au fur et à mesure de ses livraisons le programme de la fête, énumère les exercices imposés, les invitations, les adhésions des quelque 300 sociétés qui y participeront, détaille le règlement de cette fête…
Cette préparation est marquée par la mort du président de la société, Adolphe Lenglet, auquel le n° 4, daté d'août 1903, rend hommage. Le numéro suivant annonce l'élection du nouveau président, Paul Michonneau, président du tribunal de Commerce, et conseiller municipal. Le journaliste Hyacinthe Francq le présente comme un « homme de sport, élégant cavalier, escrimeur habile, tireur émérite ». C'est, dit-il, « the right man, in the right place ». Francq poursuit d'ailleurs une série de portraits des organisateurs de cette fête et notamment du vice-président Gaston Degouve, qui meurt également quelques semaines plus tard.
Ce bulletin est l'occasion de présenter Arras aux futurs participants. Les articles « Arras en 1904 » et « Une rapide promenade à Arras » publiés dans les numéros de juin et juillet 1903 sont suivis de la publication de plusieurs vues de la ville : un panorama pris de la tour Saint-Jean-Baptiste (août 1903), des vues de la gare et des côtés de la Grand'Place, « un coin du Marché de la Grand'Place », « l'hôtel de ville et la Petite place », une des allées de la citadelle et du Marché aux chevaux…

FAIRE DES HOMMES (REFRAIN CONNU)
Le Bulletin s'ouvre également à l'exposition du Nord de la France. À partir de septembre 1903, un des thèmes de l'exposition : les beaux-arts, l'agriculture, les industries divers, les houillères, etc. est présenté à chaque numéro par les organisateurs de cette imposante manifestation.
Après la présentation, en janvier, de l'affiche de la fête, Hyacinthe Francq ne doute pas, dans le numéro daté de 10 février 1904, qu'on s'achemine vers un succès avec cette manifestation dont le président du jury, Ernest Megnin, termine la galerie de portraits entamée en mai. Près de 300 sociétés s'affronteront sur un terrain dont le lecteur peut trouver le plan lors d'exercices qui lui sont détaillés.
Les collections du Bulletin de la Société de gymnastique et d'armes d'Arras conservées aux Archives départementales du Pas-de-Calais ne permettent pas de connaître la relation que ce périodique peut faire de la fête. Celles-ci sont défaillantes jusqu'en mars 1924. Mensuel, le Bulletin de la Société de gymnastique et d'armes d'Arras porte alors le numéro 110. Imprimé par F. Guyot, P. Caboche, successeur, 6, place du Pont-de-Cité, il a une physionomie totalement différente. La partie rédactionnelle est entourée de huit pages de couleur orange entièrement dévolues à la publicité. Sur la partie gauche, il affiche une ambition martiale. Reprenant un propos du général Chanzy, tenu en 1882 à Reims : « Faites-nous des hommes, nous en ferons des soldats », il conclut : « Tel est notre programme ».
Le Bulletin, dirigé par Fernand Hocquet, donne un compte rendu de l'assemblée générale qui s'est tenue le 6 mars au siège de la société 10, rue de l'abbé Halluin, sous la présidence de Godin, ainsi que la liste des membres honoraires, des gymnastes, des pupilles, des jeunes filles, des sociétaires sous les drapeaux. Les numéros suivants font une large place aux événements de la vie de la société, les déplacements y sont relatés à travers des articles des journaux arrageois. Quelques articles de fond traitent de l'abus du sport ou des bienfaits de la gymnastique dans l’Éducation. En janvier 1928, la société annonce que le Bulletin devient trimestriel avec un numéro supplémentaire par an. Pourtant le numéro suivant ne paraît qu'en avril 1929. Le Bulletin de la Société de gymnastique et d'armes d'Arras ne connaît d'ailleurs plus qu'un numéro supplémentaire pour la fête concours du groupement des sociétés de gymnastique des arrondissements d'Arras et Saint-Pol à l'occasion du 50e anniversaire de la fondation de la société de gymnastique et d'armes d'Arras.