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BULLETIN DE LA RECONSTITUTION INDUSTRIELLE

Bulletin du 7e secteur de la reconstitution industrielle. Organe officiel du Comité régional de la reconstitution industrielle (Pas-de-Calais)

Édité à partir de septembre 1919, le Bulletin du 7e secteur de la reconstitution industrielle égrène dans toute leur sécheresse les textes officiels : lois, circulaires…, réponses des ministres de la Reconstruction, des Finances aux interventions des parlementaires, communications de l'Office de la Reconstitution industrielle, avis les plus divers permettant à la vie de se réorganiser après la délivrance. De format 22 x 27 cm, sa pagination varie, selon les circonstances, de 12 à 36 pages, présentées sur deux colonnes. Imprimé mensuellement par la société L. Bijard et Cie, 77-79, rue Méaulens à Arras, et installé 14, rue du Marché-au-Filet à Arras, ce mensuel s'ouvre par un sommaire. Il ne comporte pas de prix.

L’INTéRÊT DES ENTREPRISES
L'austérité de ce bulletin s'atténuera à partir de mars 1920, date à laquelle la publicité fait une entrée timide, d'abord sur une jaquette de couleur bleu. Les cases de formats différents, une page, une demi-page, un quart de page (1) ne restent pas longtemps inoccupées, la publicité s'étend bientôt sur huit, douze, voire seize pages entourant le bulletin. Elle finit par gagner l'intérieur même de ce mensuel. Il y a tant à relever, à reconstruire dans le Pas-de-Calais que les marchands de matériaux, de machines en tout genre, de camions, que les entreprises de construction, de travaux, de réparations multiplient les encarts. Parmi eux, peu sont d'ailleurs du département, la plupart sont de Lille, de Roubaix, de Tourcoing, mais aussi de Paris, de Rouen, de Strasbourg, de Lyon… Par contre deux imprimeries arrageoises offrent leurs services, d'abord l'imprimerie éloy qui propose des « tirages rapides des plans, en bleu, sépia, hélio, par appareils rotatifs électriques », puis beaucoup plus tard l'imprimerie moderne d'Arras et presse populaire réunies 7, place du Wetz d'Amain vantant « Travaux administratifs, industriels et commerciaux, litho, typo, gravure, autographe, polycopie. Vues d'usines, plans, spécialité de Tableautage, graphiques, diagrammes, etc. » En mai 1922, Le Bulletin annonce sur deux pages la sortie du Monde illustré consacré au Pas-de-Calais.
L'administration du Bulletin rappelle d'ailleurs l'opportunité que sa publication représente pour ce genre de sociétés : « Par ses annonces Le Bulletin du 7e secteur aide à la restauration des Régions dévastées. En vulgarisant les firmes, en faisant connaître leurs spécialités, en favorisant la production industrielle, en facilitant les transactions commerciales. MM les industriels ont donc un intérêt particulier et un intérêt général à user de sa publicité. »
En janvier 1921, Le Bulletin s'offre même un peu de fantaisie avec une jaquette de laquelle émerge le lion d'Arras tenant un étendard, entouré de six blasons et d'un cartouche portant la mention « organe officiel du comité régional de la reconstitution industrielle », puis en octobre 1921, le nom de l'imprimeur. Enfin, dernière innovation, quelques pages intérieures, le souvent réservées à la publicité, seront imprimées sur papier de couleurs différentes.
Le changement d'imprimeur n'est probablement indifférent à ces évolutions. Dès mars 1920, le Bulletin a été confié à l'imprimerie éloy qui est le propriétaire du quotidien Le Courrier et de l'hebdomadaire Le Pas-de-Calais et qui fabrique bien d'autres périodiques édités dans le département.

DERRIèRE LES CHIFFRES, L’ANéANTISSEMENT D’UN DéPARTEMENT
Derrière leur sécheresse, certains textes, certains chiffres donnent la mesure de l'anéantissement du département, du chaos. Les arrondissements d'Arras et de Béthune étant les plus touchés. Dans le canton de Bapaume, 22 communes sont détruites à 100 %, dans celui de Croisilles 27, de Vimy 21, de Vitry 19. Dans l'arrondissement d'Arras, 32 631 maisons sur 44 324 sont totalement détruites, 6 959 partiellement ; dans celui de Béthune, 36 427 habitations sur 93 536 ont disparu, 26 057 sont partiellement endommagées. Tous ces chiffres suffisent-ils à dire la détresse d'une population dont, pendant la guerre, 178 000 personnes avaient été évacuées dans l'arrondissement d'Arras, 320 000 dans celui de Béthune ?
Des récapitulatifs dressent également sous forme de tableaux, de colonnes de chiffres et de noms un état régulier de la reprise de l'activité industrielle branche par branche. En juillet 1920, seules dix imprimeries fonctionnent à nouveau. L'énumération des machines récupérées peut-elle seulement donner une idée du pillage opéré par l'ennemi, des difficultés de la remise en route dans certains secteurs ? Le nombre de chariots et de bobines pour métiers à tulles et dentelles entreposés au service de la récupération peut être un indicateur parmi d'autres. Le Bulletin n'omet pas l'agriculture dont des milliers d'hectares de terre sont devenus impropres à la culture.
Laconiques, rédigés dans le plus pur style administratif, les comptes rendus des séances du Comité régional de la Reconstitution industrielle laissent percer son impuissance, son désarroi face à certains problèmes qui ne sont pas la priorité de l’État.
Enfin mieux que les textes officiels, les exemples de conventions et de contrats, la rubrique « jurisprudence » prouvent la complexité des problèmes rencontrés tant par les particuliers que les industriels.
Le dernier numéro du Bulletin conservé aux Archives départementales du Pas-de-Calais, porte le n° 40, et date de décembre 1922.

(1) Le prix des encarts publicitaires est fixé pour la 1re de couverture à : une ½ page : 200F, un ¼ de page : 100 F, pour la 2e page à : 350, une ½ page 175, un ¼ de page 87,50 F, pour la 3e de couverture à respectivement 250, 125, 62,50 F, la 4e 200, 100, 50 F. Une réduction de 10 % est offerte pour trois insertions.