Voix de Notre-Dame de Lorette (La)

La Voix de Notre-Dame de Lorette. Bulletin du souvenir

« Rien n'est changé dans l'esprit, le but et l'organisation de notre périodique » écrit l'abbé Abel Barbier en présentant, en décembre 1925, La Voix de Notre-Dame de Lorette. L'organe du comité de Lorette change de titre. La construction de la basilique, mettant un terme à l'édification sur la colline sacrée du monument du souvenir, doit maintenant mobiliser toutes les énergies.
Faute d'abonnements suffisants, ce premier numéro est sorti avec quelques mois de retard sur la date annoncée dans l'édition spéciale du Bulletin du Souvenir publiée à l'occasion de l'inauguration de la lanterne des morts (Cf. notice). L'abonnement annuel est fixé à 3 F. Son format - 32,5 x 50 cm - et sa maquette - une présentation sur quatre colonnes - ne sont pas un véritablement dépaysement pour les lecteurs de la dernière livraison de ce Bulletin du Souvenir. Il s'agit, précise son rédacteur, de « donner plus de facilités à l'illustration ».
Le nouveau périodique, imprimé par la Nouvelle Société anonyme du Pas-de-Calais, reprend cependant une partie des rubriques de son prédécesseur, il publie également une longue liste de souscripteurs pour l'édification de la basilique. Dans cette première livraison a été encartée une « édition spéciale de propagande », sortie quelques mois plus tôt. Le comité y fait, par le texte et l'image, le bilan de son action : ont déjà été établis la tour, l'ossuaire, le cimetière, il présente également ce qui reste à faire.
Selon l'historique du Bulletin du Souvenir donné dans le n° 88 de La Voix du Notre-Dame de Lorette, cette formule, inaugurée en septembre 1925, « ne dura qu'un peu plus de deux ans ». Quarante sept numéros à la périodicité variable sont publiés jusqu'en septembre 1927, dont la plupart sont aux Archives départementales du Pas-de-Calais. En octobre 1927, La Voix de Notre-Dame de Lorette change de physionomie pour quarante et un numéros que nous n'avons pas retrouvés.

PLUS DE 4 000 ABONNÉS
Nouvelle mue fin 1934. À l'aube de sa quinzième année d'existence, l'organe de l'association du monument Notre-Dame de Lorette se présente, pour sa 88e livraison, sous la forme d'une revue de quarante-huit pages encartées sous une couverture illustrée d'un dessin de la basilique devant des tombes de soldats, signé de Mme Georges Paris.
De format 15 x 23,5 cm, La Voix de Notre-Dame de Lorette. Bulletin du souvenir a été imprimée par la Nouvelle Société anonyme du Pas-de-Calais à 4 100 exemplaires. C'est dire combien ce trimestriel reste, selon l'expression de son rédacteur « plus que jamais - entre les morts du front d'Artois et les familles - le trait d'union… » Vendu 5 F, il a toujours son siège 4, rue des Fours à Arras, son gérant Émile Vasseur est le secrétaire administratif de l'association mais aussi le secrétaire de l'évêché.
La Voix de Notre-Dame de Lorette continue dans ces premiers numéros d'égrener le nom des soldats morts dans la région ou les objets permettant d'identifier les corps, périodiquement restitués par la glaise des champs. Les années passant, cette rubrique « renseignements aux familles » a bien sûr perdu de son importance. Après le sommaire de chaque numéro, le périodique s'ouvre invariablement par « le mot du chapelain » de Notre-Dame de Lorette, l'abbé Briche, puis, après sa mort en avril 1936, l'abbé Louis Decludt. Sous la signature de Jean-Marc Daniel, François Saudemont assure l'essentiel de la rédaction du bulletin à laquelle participe également le chanoine Maréchal, secrétaire général de l'association et vicaire général du diocèse d'Arras.
Toutes les manifestations organisées par l'association : veillées des morts, réunions de la garde d'honneur, cérémonies du souvenir, assemblées générales, y sont longuement relatées, certains articles sont d'ailleurs abondamment illustrés. Régulièrement, une évocation historique ou des témoignages viennent enrichir le contenu : le 20e anniversaire des combats de Notre-Dame de Lorette du 17 décembre 1914 au 3 mars 1915, la visite du roi George V le 12 mai 1922,…, les lettres à sa famille d'un soldat breton mort à Rolincourt,… Certains numéros prennent un caractère particulier. Dans le quatre-vingt-quatorzième numéro daté du 2e trimestre 1936, La Voix de Notre-Dame de Lorette rend hommage à l'abbé Briche, le premier chapelain de Notre-Dame de Lorette, mort quelques semaines plus tôt. Enfin les familles peuvent à chaque rendez-vous trouver de nombreux renseignements divers.
Très vite, le périodique renonce aux réclames qui étaient regroupées sur sa troisième de couverture. À partir du n° 89, la 4e de couverture est illustrée de vues du site : la chambre ardente à l'entrée de la tour, avec la dalle sous laquelle se trouve l'ossuaire renfermant les restes de milliers de soldats français inconnus ; la tour vue de la chapelle, le cimetière photographié du toit de la chapelle, etc.

« LA VOIX REMPLACÉE » PAR « L'ÉCHO »
La parution du bulletin est suspendue après la déclaration de guerre en septembre 1939. Elle reprend en 1942. Toujours imprimé par la Nouvelle Société anonyme du Pas-de-Calais, ce cent-dixième numéro a adopté une présentation beaucoup plus modeste : huit pages, un format légèrement plus petit, 13 x 20,5 cm. « Les frais doivent être réduits, explique le chanoine Maréchal, car nous ne retirons plus aucune ressource matérielle ni de la chapelle, ni de la tour. » Et de faire appel à la générosité des abonnés pour couvrir les 1 400 F de frais de fabrication.
Dans cette livraison, le chanoine Maréchal propose le concours de son association aux autorités françaises et allemandes pour la recherche des corps des soldats français tombés en 1940. Il rassure également ses abonnés sur le sort des divers monuments érigés sur le front d'Artois et qui ont fait l'objet de nombreuses rumeurs.
Le chanoine Maréchal est devenu le principal rédacteur du bulletin. Émile Vasseur y tient une chronique administrative. Dans l'un des numéros y est encarté, comme supplément, Entre nous, le très épisodique bulletin des gardes d'honneur de Lorette. La parution de La Voix de Notre-Dame de Lorette se poursuit ainsi jusqu'au second trimestre 1944, où son directeur donne rendez-vous à ses lecteurs en septembre pour le pèlerinage si « les événements le permettent ».
Après la Libération, il faut plus d'un an au Comité provisoire de l'Association du monument qui compte encore quelque 4 000 membres pour obtenir l'autorisation de faire paraître un nouveau bulletin, L'Écho de Notre-Dame de Lorette. Le chanoine Maréchal, contraint à la démission pour ses prises de position pendant la guerre, a été remplacé par le vicaire général Chappe. Ce premier numéro, daté du 3e trimestre 1945, reste une feuille bien modeste. Il est consacré à faire le point sur les activités de l'association depuis la fin de la guerre, le bulletin de la garde d'honneur y est devenu une simple rubrique. À la fin de l'année 1954, présenté sous couverture, L'Écho retrouve enfin une meilleure physionomie. Sa parution continue jusqu'à nos jours.